Dune en rose des vents métaphorique

[BeauRouge]

Dune... Ah ! Dune ! Mon livre de chevet quand j'étais ado. J'ai une édition en six volumes, les deux premiers sont littéralement écorchés, les couvertures ne tiennent plus que par deux fils.

Je profite de la sortie du film pour poser une réflexion, sur la portée métaphorique de l'œuvre. Ce que je vais dire va probablement sembler complètement évident à tout le monde mais j'ai mis du temps à le percevoir et jusqu'à présent je n'ai vu nulle part une réflexion identique — après, je n'ai pas cherché non plus.

Dune est une métaphore de la géopolitique des années 60-70. 

Voyons. Un empire autoritaire et militaire domine le monde entier. Mais... Cet empire est un colosse au pied d'argile, il dépend pour son existence d'une ressource et d'une seule. Cette ressource, qui ne se trouve que dans le désert, est l'énergie nécessaire aux déplacements des armées et des marchands. En conséquence, la zone désertique est occupée d'une main de fer par une tyrannie qui exploite la ressource au détriment de ses habitants. Les tyrans s'enrichissent, pas la population. 

Intéressant, non ? Empire / Américain, Epice / Pétrole, Arrakis / Irak. 

Tout le vocabulaire de Dune tourne autour de cela, Arrakis est clairement une métaphore du monde arabe.

Le mot fedayin, qui signifie littéralement « prêt à se sacrifier », fut utilisé sous la forme fidāwī (El-fidâouiyah) à l'époque médiévale pour désigner les membres de la célèbre secte des Assassins aux XII-XIII^e siècles.

Bar Sauma étant moine, son nom est mieux connu précédé du désignatif syriaque des moines Rabban « maître ». Le syriaque est une langue sémitique du Proche-Orient, appartenant au groupe des langues araméennes. 

Le Mahdi ou Muhammad al-Mahdi (arabe : al-mahdi, المهدي, muhammad al-mahdi : محمد المهدي, « le bien guidé ») est un rédempteur eschatologique attendu par les musulmans et identifié au dernier imam dans le chiisme duodécimain.

C'est un prénom d'origine arabe. Aaliyah, ou Alliyah, signifie « sublime ».

Ghanima is an Arabic word ("الْغَنيمَة") meaning “spoils of war” which include land, wealth, cattle, women and children.

 

Etc, etc. 

A mon avis, il y a un peu de Lawrence d'Arabie dans Paul Atréides. En passant, les "Atréides", ca ressemble beaucoup à la dynastie des Atrée, celle d'Agamemnon

 

Atrée — Wikipédia

FR.WIKIPEDIA.ORG

 

Et cette miniature est absolument étonnante, c'était pas ce que j'avais en tête en copiant le lien. 

 Voilà ! Food for thoughts. Et si vous avez le film, vous en avez pensé quoi ? Sans spoilers s'il vous plait, je ne l'ai pas vu encore. 

[BeauRouge]

A noter d'ailleurs l'homophonie intéressante entre Iraqis prononcé en anglais et Arrakis 

[Ant Hill Kid]

 

Tu sais, Beau, on est en 2021, t'es pas le premier a etre venu la. Herbert lui meme a ecrit ceci en conclusion de sa saga. 

Citation

 

When I was writing Dune there was no room in my mind for concerns about the book's success or failure. I was concerned only with the writing. Six years of research had preceded the day I sat down to put the story together, and the interweaving of the many plot layers I had planned required a degree of concentration I had never before experienced.

It was to be a story exploring the myth of the Messiah.

It was to produce another view of a human-occupied planet as an energy machine.

It was to penetrate the interlocked workings of politics and economics.

It was to be an examination of absolute prediction and its pitfalls.

It was to have an awareness drug in it and tell what could happen through dependence on such a substance.

Potable water was to be an analog for oil and for water itself, a substance whose supply diminishes each day.

It was to be an ecological novel, then, with many overtones, as well as a story about people and their human concerns with human values, and I had to monitor each of these levels at every stage in the book.

There wasn't room in my head to think about much else.

 

Quand au film, je pense le regarder en Octobre, sur HBO max, ma meuf est fan de Chalamet. 

 

[BeauRouge]

Merci beaucoup pour ce texte, très pertinent. Et je sais que c'était évident mais des fois les évidences sont tellement énormes qu'elles ne se voient pas/plus

[BeauRouge]

Au fait ! J'ai vu Dune 

Le film vaut le détour. L'imagerie de Villeneuve est splendide, les plans larges et spatiaux sont superbes. Arrakeen. Pour moi, c'est une vraie réussite. 

J'étais avec une demoiselle qui n'avait pas lu les livres, l'intrigue est posée en trois tours de mains avec talent et clarté. C'est surtout dû au talent d'Herbert, le film est très fidèle à l'histoire originelle et Herbert a tissé une histoire d'une complexité folle en seulement quelques scènes légendaires. Mais Villeneuve a modifié avec talent deux-trois scènes pour clarifier encore le propos et c'est limpide — mon amie est certes douée, pour autant c'est très bien mené. 

En particulier dans ce qui a pu être modifié, je pense que c'est meilleur pour les connaisseurs de le savoir, ce n'est pas Thufir mais Gurney qui reproche à Paul de tourner le dos aux portes. Thufir aura son vrai rôle, ou quasiment. Piter est absent.

 Le reste est... présent. Avenir, futur, ancienneté et passé. Je ne m'étends pas plus. Le casting global un poil perfectible, mais vous verrez vous-mêmes les grandes réussites. Si on a encore des yeux d'enfants il y a des trucs qui font un bien fou, des passages qui rappellent la légende d'une façon qu'on avait juste imaginé et qui, soudain, sont là. C'est assez rare que je dise ça, souvent l'image est imparfaite, trop caractéristique ou trop pensée. Ici, c'est simple. Sain et efficace. 

Le film pour autant n'est pas parfait, le charisme relatif de certains acteurs sur des personnages légendaires restreint un poil l'immersion. Mais tout le reste est là... Il y a une vraie sensibilité et une vraie subtilité qui se dégage de l'émotion des scènes et des frissons longs issus des temps anciens retrouvés dans la lecture. 

Si... Aussi... Liet Kynes... Ca aussi je crois que c'est mieux de le savoir. Liet Kynes est une femme noire. Pour autant c'est conduit ensuite correctement, ca trouble un peu au début mais le réal est doué et en ce cas ça passe, le rôle reste cohérent. Mais quand, même. Liet Kynes, le planétologiste impérial, est devenu une femme noire. 

 Et faut le savoir aussi, ça m'a troublé durant toute la fin. Le film est long, il dure 2h35. Il y a tellement de passages où il aurait pu s'arrêter dans la dernière demi-heure que c'en est troublant. Pour mon amie aussi. C'est un excellent film, une très bonne façon de découvrir l'œuvre. D'ailleurs elle est repartie avec les deux premiers tomes, quand je pensais ne lui donner que le premier. Mais il est long.

Si vous connaissez l'histoire, en spoiler j'écris l'instant précis de la fin, histoire de savoir quand le premier film s'arrête. Si vous ne voulez pas savoir, ne regardez-pas. 

 

Révélation

Jessica a pratiqué l'art étrange contre Stilgar, Paul affronte Jamis. Pas avant. 

 

Modifié 23 septembre 2021 par BeauRouge

[Ant Hill Kid]

Il y a 10 heures, BeauRouge a dit :

... Aussi... Liet Kynes... Ca aussi je crois que c'est mieux de le savoir. Liet Kynes est une femme noire. Pour autant c'est conduit ensuite correctement, ca trouble un peu au début mais le réal est doué et en ce cas ça passe, le rôle reste cohérent. Mais quand, même. Liet Kynes, le planétologiste impérial, est devenu une femme noire.

Le fascisme SJW a une fois de plus frapper et mutiler une oeuvre formidable 

Je ne payerais Pas pour ca, j'ai rien contre les noirs mais j'ai des principes. 

[BeauRouge]

Ben c'est casse-couille un peu, Liet Kynes est un vieil homme usé, devenu indigène à force de vivre sur une planète lointaine. C'est pas une pimpante jeune femme de trente ans, de la voir ça m'a sorti quelques secondes du film. Après, le rôle est bien mené, ça passe, mais c'est casse-couille. D'autant plus que Dune ne manque vraiment pas de personnages féminin forts. 

La propagande par le cinéma c'est un vieux débat, on connaît les arguments des deux côtés.

Modifié 23 septembre 2021 par BeauRouge

[Ant Hill Kid]

Les heures les plus sombres de notre histoire. Je suis pas raciste ou sexiste mais putain, quoi. Une femme noire.

Non mais j'aurais dit la meme chose si c'etait un jeune homme blanc mais bon tu vois quoi.

[BeauRouge]

Oui, n'est-ce pas en définitive de l'appropriation culturelle ? 

[Ant Hill Kid]

Mais tout a fait, c'est aussi du feminazisme et du black washing et d'autres buzzwords super tendance que je sais pas trop ce que ca veut dire mais ca me rappelle beaucoup Orwell et 1984.