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D'autres déracinés dans les parages?


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Il y a d'autres gens ici qui vivent loin de leur(s) pays d'origine ou de leur famille, et à qui ça pose des problèmes identitaires? Ou qui s'en fichent éperduement, pourquoi pas.

Je suis en miette depuis quelques jours, depuis que mes parents m'ont appris qu'ils quittaient la France à jamais. J'ai toujours haï ce pays alors je n'aurais pas cru vivre ce moment aussi violemment, pourtant je suis toute retournée, j'ai l'impression de perdre (encore) un point de repère majeur et de m'enfoncer un peu plus dans ma crise d'identité.

En résumé, mes parents sont russe et urkrainien. J'ai séjourné là-bas mais je n'y ai pas vécu, je m'y sens donc étrangère. Je suis née en France puis on est allés en Pologne, ils détestent les russes et j'étais inscrite à l'école française. Ensuite, parce que ma famille insistait sur ma bonne éducation, j'ai passé mon adolescence en France, en fréquentant des communautés slaves. Déjà là, dur de s'y retrouver, d'autant plus que les français m'ont toujours reproché d'être trop proche de mes origines, j'arrivais pas à m'insérer. Pendant ce temps, mes parents ont bougé un peu en Afrique du Nord, mais peu importe. A la majorité, j'avais besoin d'air, je détestais la France, je suis allée au UK, j'y suis restée cinq années avant d'atterir ici pour une durée indéterminée. Ca semble rien, cinq ans, mais c'est plus de 20% de ma vie. Des membres de ma famille étaient à un autre endroit du UK, ça commençait à être doux, j'aurais pu finir par m'y sentir chez moi. Même en partant, j'aimais ça, savoir un couple de la famille toujours en Angleterre, c'était un ancrage. Là, ils se cassent dans quelques mois, meilleur contrat pour elle en Allemagne. Pareil pour mes parents, offre dure à refuser en Scandinavie, alors bye bye la France.

Il ne me reste personne et rien dans aucun des trois pays où j'ai vécu, la famille est morte ou partie, et les amis, ben les amis, avec la distance, c'est dingue comme ça s'évapore. Je suis épuisée de ne pas savoir quoi répondre quand on me demande d'où je viens.

En clair, fuck.

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T'as le choix. Lorsque quelqu'un te demande d'où tu viens tu peux te mettre à *name-dropper* une liste de pays ou bien tu peux lui dire que tu es citoyen du monde voir apatride. Lionnel Groulx a jadis tenté d'expliquer cet phénomène.

http://www.dailymotion.com/video/x1sye_corneille-parce-qu-on-vient-de-loin_music

Comme le dit Chat-riz-tea Berne-art, tu peux te considérer comme citoyenne du monde, j'aime bien ce concept. Cependant, je comprends très bien ton sentiment de solitude et de déracinement, probablement que tu serais plus certaine de ton identité ou que cela te préoccupait moins si tu étais encore avec des gens qui étaient proches de toi. Par la logique étant donné que tu es née en France et que tu y a passé de nombreuses années, je dirais que tu es Française, mais il est possible que tu ne le sentes pas comme ça.

Peut-être aussi qu'un jour, tu te sentiras Québécoise. Mais ce sera un autre problème et tu ne seras pas plus avancée, parce qu'on ne sait toujours pas si on est Canadiens-français-Québécois, des Francais- Québécois- Français, américains du nord français, des francophones-Québécois-Canadiens, des Québécois d'expression Canadienne-française FRANÇAISE, des Américains-Canadiens francophones d'Amérique du Nord ou des franco-canadiens du Québec ... ;)

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si tu as besoin de t'ancrer à une nationalité pour définir ton identité alors tu es mieux de commencer à la choisir tout de suite. choisis un endroit qui te plais et reste-y. si tu continues à changer de pays c'est bien évident que tu ne régleras pas ton problème.

ma copine fait partie de ce mouvement que les sociologues appellent Third Culture Kid. elle a 4 soeurs et ses parents sont tous deux économistes travaillant au gouvernement pour le développement international. elle est née au Québec, a vécu une partie de son enfance à Ottawa, puis a vécu 5 ans en Haïti (5 à 10 ans) et 2 ans au Sénégal (14 à 16 ans) où elle a fréquenté le lycée français et vécu un mode de vie extrêmement bourgeois. comme elle était très malheureuse au Sénégal, ses parents lui ont acheté un condo à Québec où elle y a vécu seule 1 an, puis avec sa soeur 1 an (16 à 18 ans). elle a maintenant 18 ans et vit à Toronto avec moi.

lorsque je lui parle de sa vie au Sénégal, elle me répond simplement que les sénégalais sont pauvres et le demeureront toujours, et que sa vie au Sénégal lui a seulement appris le sentiment de culpabilité d'être extrêmement riche dans un monde extrêmement pauvre. "tu te promènes avec l'équivalent d'une année de salaire d'un sénégalais dans tes poches, les enfants viennent te quémander et tout ce que tu fais, c'est marcher en baissant les yeux". elle m'a même dit qu'elle a eu une période où elle était devenue extrêmement raciste envers les sénégalais et qu'elle espérait sincèrement qu'ils meurent tous.

même si elle ne le dit pas explicitement, je la sens québécoise. en même temps, elle n'a jamais passé un été à Québec depuis qu'elle y vit. elle a parcouru l'Europe l'été passé et cet été elle est en Ontario. c'est peut-être tout simplement le goût du voyage qui l'emmène à faire ça. et elle a coservé son accent français qu'elle a acquis au lycée. le plus drôle dans tout ça c'est que physiologiquement, elle n'a vraiment pas l'air québécoise. elle a un grand nez d'europe de l'ouest et des yeux en forme d'amandes... personne ne croirait qu'elle est québécoise.

enfin, je ne crois pas qu'elle souffre d'itinérance identitaire et elle est mentalement très équilibrée. aussi, les études démontrent que les Third Culture Kids deviennent non seulement des jeunes plus ouverts sur le monde et plus autonome, mais qu'ils auront tendance à être beaucoup plus scolarisés que les autres et auront des emplois glorifiants plus tard. un mal pour un bien quoi!

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@Kal

Désolé de l'entendre. Pense-tu pouvoir atteindre un point dans ta vie ou tu va pouvoir fixer tes propres repères?

Oh, et est-ce que t'es à Montréal en ce moment?

Déjà là, dur de s'y retrouver, d'autant plus que les français m'ont toujours reproché d'être trop proche de mes origines, j'arrivais pas à m'insérer.

Comment est-ce que ça ça s'est passé?

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J'ignore c'est quoi le feeling de vivre loin de "son" pays. En fait, je vis au Quebec depuis toujours.

Mais je peux quand même comprendre pour ce qui est du problème identitaire. Je ne me suis jamais entièrement intégré au Québec et à sa culture. Je n'ai jamais été considéré comme un québécois par les autres. Aux yeux de mes camarades de classe, j'étais un mexicain, un chilien, un indien, un arabe ou un terroriste. On me disait souvent de retourner dans mon pays. Et comme je suis né ici je n'ai jamais ressenti la moindre appartenance avec mon pays d'origine ou la communauté latine en générale. Alors tu te retrouve un peu dans le néant. Un entre-deux mondes vraiment désagréable à vivre.

Tu fini par te ficher de tout l'monde à la fin.

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citoyen du monde voir apatride.

Ne pas être en mesure de revendiquer une nationalité ou une culture précise ne semble pas être une condition positive que l'on choisirait de son plein gré.

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...

Alors tu te retrouve un peu dans le néant.

...

C'est drôle tout de même * tout le monde* veut être spécial, différent et unique. Certains le sont déjà à la naissance et d'autre le font en se marginalisant avec des bouts de tissus. Au dire de certains roman de terroir, quelqu'un qui habite à Montréal n'est pas un vrai Québécois.

...

On me disait souvent de retourner dans mon pays.

...

... et aussi d'aller en Californie suivre un régime californien

...et aussi

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(modifié)

Bon, la crise de nerfs est passée, ça va là je fais mon deuil.

Comme le dit Chat-riz-tea Berne-art, tu peux te considérer comme citoyenne du monde, j'aime bien ce concept.

Mais je n'aime pas le monde entier, je ne me trouve rien en commun avec des japonais ou des brésiliens, ces cultures me sont étrangères, ne m'intéressent pas et je ne veux pas m'y mélanger. C'est pas du racisme ou quoi que ce soit mais les pays que j'ai connu, je les ressens, j'ai un côté très slave, un côté très français, peut-être un peu d'habitudes britanniques en moi. C'est bordélique mais limité, tu comprends ce que je veux dire?

@Kal

Désolé de l'entendre. Pense-tu pouvoir atteindre un point dans ta vie ou tu va pouvoir fixer tes propres repères?

Oh, et est-ce que t'es à Montréal en ce moment?

Comment est-ce que ça ça s'est passé?

J'en sais rien si ce sera toujours comme ça. C'est pas bien grave d'être étrangère, ce qui est difficile c'est de voir ce qu'on a fait dans d'autres pays s'effacer. Je suis née en France et je trouve plus aucune raison d'y aller, j'y serais juste une touriste maintenant, ça me déstabilise. J'aimerais juste pouvoir construire quelque chose de durable quelque part, pas toujours avoir ce sentiment de repartir à zéro. Et oui, je suis à Montréal, pour un moment je pense.

Mon sentiment d'exclusion en France est partiellement ma faute. A l'adolescence, j'étais vraiment trop nerveuse, je me suis démolie toute seule. Il faut savoir que j'étais une gamine odieuse, je faisais chialer les paumées à la récré et tout ça, alors bon en retour les gens m'attaquaient comme ils le pouvaient et me traiter d'étrangère, c'était toucher un point sensible. Il y a ça, déjà.

Sinon, ma famille a toujours voulu équilibrer la donne. A l'Est, on fréquentait des groupes de français, en France, on fréquentait des slaves. Ajoute aux insultes d'école mes prénom/nom qui ne sonnent pas terroir français, les implications de ma familles dans des organismes slaves, mes profs de musique prioritairement de l'Est, mon obligation d'aller à la messe en russe, ma grand-mère qui faisait flipper les gamins parce qu'elle parlait pas le français etc.

Et je ne sais pas pourquoi je n'ai eu ce sentiment d'exclusion là qu'en France. Peut-être justement parce que ma famille faisait de gros efforts pour s'y insérer, bien plus qu'en Pologne par exemple, alors là-bas être "rejetée" c'était pas grave. Peut-être aussi tout bêtement parce que c'était l'adolescence. Je ne nie pas ma responsabilité dans mon déséquilibre, c'est évident que ça vient aussi de moi.

Edit: bon sang, que j'ai beaucoup trop parlé de moi depuis trois jours. Promis, je me tais.

Modifié par Kal
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