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Le cinéma muet


Déchet(s) recommandé(s)

Bon, c'est peut-être un peu réducteur de regrouper tous les films muets sous cette unique appellation, mais en même temps, ils se démarquent assez de la production sonorisée pour que l'on puisse sans trop de peine justifier pareille faute. Je propose donc, pour ceux qui comme moi sont friands de cinéma muet, de discuter ici de films, genres ou réalisateurs qui vous ont marqué ou dont vous appréciez particulièrement les oeuvres.

Je commence avec l'un de mes préférés:

Sunrise: A Song of Two Humans, F.W. Murnau, 1927

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Premier film de la très courte carrière américaine de Murnau, à la genèse assez cocasse. Fox a pratiquement importé Murnau aux États-Unis, lui a alloué un budget illimité et une liberté artistique totale et lui a dit "Fais-moi un film qui va me faire gagner un Oscar." Et effectivement, "Sunrise" en a remporté trois: meilleure actrice, meilleure photographie et même un tout spécial pour lui, "Film le plus unique et artistique". Un contrat bien rempli!

Mais au-delà de son succès critique retentissant, qui ne trouvera toutefois pas écho chez le public de l'époque, Sunrise est surtout une Oeuvre avec un grand "o". Ses qualités artistiques sont innombrables. Les extérieurs brumeux, recréés en studio (!), sont d'une beauté impérissable. Le travail de photographie et la direction artistique relèvent d'un certain type de génie qu'on ne retrouve plus aujourd'hui et qu'on ne trouve peut-être pas même ailleurs que dans ce film.

À une époque où les caméras devaient être "crinquées", les longs travelings de Murnau relevaient tout simplement de la magie ou du moins d'une prouesse technique difficile à cerner. Sunrise marque aussi par sa poésie, par l'universalité de son récit et par le jeu toujours très éloquent des acteurs. Il s'agit en quelque sorte d'un chant du cygne du cinéma muet, et déjà des bruits de fond et quelques artifices sonores sont de la partie. Le genre de film qui peut se regarder comme on regarde une exposition de toiles de maître.

À vous! ;-)

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Pas de trouble mon gars.

Stachka (la grève), Sergei Eisenstein, 1925

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Dans ce long métrage, Sergei Eisenstein nous montre une grève ouvrière dans une usine de Russie durant l'époque tsariste.

Au plan esthétique, ce film est un exemple parfait des innovations au niveau du montage faites par les cinéastes russes dans les années 20. Surimposition, ellipses, successions rapides de différents plans. Bref, pas mal tout s'y retrouve.

Parler du montage pour parler des films d'Eisenstein est évidemment pas mal cliché et ce n'est certes pas pour cela que j'ai adoré ce film. Personnellement, au cinéma, ce qui m'intéresse le plus, ce n'est pas l'esthétique, mais bel et bien la façon de raconter une histoire. Dans ce film, on voit ici tout l'aspect de propagande lié aux films soviétiques du début de l'ère communiste. On fait l'éloge de la révolution et on condamne le capitalisme grâce à des personnages forts et au en couleurs. Les capitalistes sont montrés comme étant gros, suffisant, méchant et exploitateur alors qu'on montre les révolutionnaires, surtout le chef du groupe, comme des gens en forme, travaillant, juste et honnête.

Comme dans pas mal tous les films d'Eisenstein, chaque personnage est en effet une idéalisation de certains traits particuliers de différentes classes sociales. Le chef des grévistes symbolisent l'idéal Bolchevik alors que le patron de l'usine symbolise l'oppression des Tsars.

Bref, il s'agit d'un film riche en symbolique et qui nous aide à comprendre l'état d'esprit qui régnait en URSS suite à la révolution de 1917.

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Les deux seuls film muet que j'ai vu sont Nosferatu (messemblait que le nom Murnau me disait de quoi ;) ) et The Cabinet of Dr. Caligari. Deux très bon films, je me demande bien pourquoi je n'en est jamais regarder d'autre, mais le film de Humbert Humbert me donne envie.

J'sais pas si vous avez vu The Cabinet of Dr. Caligari, mais l'atmosphère que ce film dégage est très interessante, les décors sont distortionés pour donner une ambiance encore plus irréel au film!

PS: J'ai oublier Faust de Murnau également. Les effets spéciaux dans ce film était en avance sur son temps.

Modifié par ToxicKev
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(modifié)

Docteur Mabuse le joueur, Fritz Lang, 1922

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Moins d'une année après le dévoilement de son chef-d'oeuvre "Der Müde Tod", Fritz Lang récidive avec "Docteur Mabuse le joueur", oeuvre aux proportions épiques, divisée en deux parties et totalisant quatre heures et demi de pur bonheur. Véritable fresque de l'Allemagne sous la république de Weimar, ce puissant long métrage démontre toute l'étendue du génie intuitif de Lang, et ce dès les premières scènes. Le plan d'ouverture montrant les mains de Mabuse qui tiennent une série de cartes à l'effigie de ses multiples déguisements, puis la scène de la bourse, où il trône sur un piédestal et regarde la foule apeurée gigoter comme des mouches, contribuent tous deux à donner le ton au public, à cerner en quelques instants cet homme étrange qui semble peu à peu prendre les rênes de la ville.

Cette ville, Lang la présente comme le berceau de tous les vices, étalant une vaste galerie de personnages rebutants: cocaïnomanes, joueurs compulsifs, danseuses nues et prostituées se donnent la réplique, alors que le terrifiant Mabuse jette son ombre sur cette plèbe pervertie, exploitant leur vice avec l'intelligence d'un véritable maître-arnaqueur. Dans le contexte de l'économie chancelante de l'époque, Mabuse fait figure de vautour, se nourrissant à satiété de corps qui n'ont pas encore exhaler leur dernier souffle. Il est fort probable que de tels hommes aient existé sous diverses formes, et en ce sens le personnage de Mabuse, avec ses mille visages, les regroupe tous, en plus d'être l'archétype de ces nouveaux riches dont le seul but était d'amasser du pécule.

Le jeu de Rudolf Klein-Rogge, qui interprète avec brio l'énigmatique Docteur Mabuse, est encore davantage rehaussé en qualité par la présence de son alter-ego von Wenk, personnifié par nul autre que Bernhard Goetzke, la Mort de "Der Müde Tod". Ces deux grands acteurs du cinéma muet s'entrechoquent merveilleusement pour donner lieu à l'une des plus enlevantes courses folles de l'histoire du cinéma policier. "Docteur Mabuse le joueur" annonce d'ailleurs un genre à venir, avec son montage rapide et sa progression nerveuse qui trouvent aujourd'hui leur aboutissement dans plusieurs blockbusters américains.

Bien que le cinéma allemand nage en plein expressionnisme (le Caligari de Weine datant de 1919, le Golem de Wegener de 1920, et le Nosferatu de Murnau de 1921), Lang nie avec virulence sa participation au mouvement. Cependant, bien des scènes de Docteur Mabuse le joueur y sont profondément ancrées: pensons notamment à celle du suicide du comte Told, qui se jette de part et d'autre de l'immense pièce centrale de son manoir en hallucinant une représentation fantomatique de lui-même, ou encore à celle du meurtre de Hull dans une rue sombre, peu accueillante, étroite et pleine d'ombres effrayants. S'il est vrai donc que le film ne s'inscrit pas dans la pure tradition de l'expressionnisme allemand, il est indéniable que Lang n'échappe pas complètement à la tendance. "Docteur Mabuse le joueur" est cependant plus influent qu'il n'est influencé et amène le spectateur vers des avenues qui sont aujourd'hui des lieux communs, mais avec la fraîcheur de celui qui fait le premier pas.

Modifié par Humbert Humbert
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Ce sujet ne contient pourtant aucun film expressionniste allemand.

J'avais pas vu le Eisenstein.

Mais pour les autres disons que peu de gens verront la différence entre ces films et l'expressionnisme allemand pur.

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Sunrise comporte plusieurs éléments expressionnistes, notamment les jeux d'ombre et de lumière. Le "grandiose" des décors aussi peut être considéré comme expressionniste.

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La musique de Metropolis (Fritz Lang) composée par Gottfried Huppertz est parfaite. Le nombre d'artistes qui se sont collés à écrire une autre soundtrack au film est impressionant, elle est aussi encore jouée en live.

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(modifié)

Un gros bof à mon avis.

Les gens ont tendance à classer tous les films muets sous cette bannière...

C'est vrai que l'appellation est sur-utilisée, mais dans le cas de Sunrise, ça fite.

Modifié par MattIsGoD
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Au pire, on s'entend que le terme "expressionnisme" a été inventé par les historiens du cinéma pour faciliter la classification des films de telle ou telle époque et que les dites "caractéristiques" restent pas mal floues de toutes façons. Je n'ai pas vu Sunrise, alors je ne peux pas commenter sur celui-là, mais connaissant Murnau, il contient probablement une couple de ces caractéristiques-là, genre des images contrastées et des angles de caméra non-conventionnels.

C'est un peu chiant, ces catégorisations-là, ça finit tout le temps par faire dévier le débat parce qu'on s'ostine pour savoir si ce film-là est expressionniste, néo-réaliste ou (pire que tout) post-moderne. Je me suis déjà obstiné pendant une demie-heure avec un gars qui me disait que Les 400 Coups était pas un film de la Nouvelle Vague parce qu'il n'y avait pas de jump cuts dedans.

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Ton message m'a mis les larmes aux yeux. Tant de justesse, de sagesse, de "win". Je ne peux qu'être d'accord avec tes propos. Les catégories, au final, c'est du n'importe quoi. Merci!

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