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Mensonges sur le plateau Mont Royal


Mikhaïl Barychnikoff
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Blanche, la fille à qui il rêvait depuis plus de trois semaines, avait un amoureux, sérieux de surcroît. Si c’était vrai, pourquoi avait-elle accepté de venir patiner avec lui? Pourquoi l’avait-elle invité le soir de Noël? Il n’y comprenait plus rien. À son avis, elle avait tout fait pour le rendre amoureux d’elle et elle avait très bien réussi. Il avait l’impression de vivre un cauchemar. Ce n’était pas possible. Il avait même fini par se persuader qu’il avait laissé tomber Reine Talbot pour elle. Tout ça pour rien. Elle s’était jouée de lui, il n’y avait pas d’autre explication. Elle s’était servie de lui en attendant le retour de son ami de cœur. Il était trop perturbé pour se rendre compte que la jeune fille ne lui avait rien promis, sauf un peu d’amitié. Pour l’invitation à la fête de Noël chez les Comtois, il n’avait été, somme toute, qu’un invité parmi tant d’autres. Elle avait dansé avec lui, rien de plus…

Cependant, admettre ces faits n’en rendait pas sa déception moins cuisante. Il en vint à penser que tout cela ne s’était produit que parce qu’il n’appartenait pas au même monde que les Comtois. Fils d’un pauvre facteur, il ne pouvait prétendre fréquenter ces bourgeois d’Outremont. Si son père avait été ingénieur ou médecin, il aurait pu se battre pour conquérir la belle à armes égales avec ce Rémi Durand. Mais il possédait à peine assez d’argent pour payer ses billets de tramway et ses quelques dépenses. Comment pouvait-il rêver d’aller faire du ski ou d’offrir des sorties coûteuses, comme les aimait probablement Blanche Comtois?

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Et moi qui pensait que c'était l'autobiographie de Guy A Lepage.

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