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Léo Ferré


Déchet(s) recommandé(s)

Postez les mots les plus percutants de la langue française (car je sais précisément qu'ils sortent de sa bouche).

http://www.youtube.com/watch?v=UPUA2S5kb2w

Les étrangers

par Léo Ferré

Regarde-la ta voile elle a les seins gonflés

La marée de tantôt te l'a déshabillée

Les bateaux comme les filles ça fait bien des chichis

Mais ce genre de bateau ça drague pas dans Paris

T'as les yeux de la mer et la gueule d'un bateau

Les marins c'est marrant même à terre c'est dans l'eau

Ta maman a piqué sur ta tête de vieux chien

Deux brillants que tu mets quand t'embarques ton destin

C'est pas comme en avril en avril soixante-huit

Lochu tu t'en souviens la mer on s'en foutait

On était trois copains avec une tragédie

Et puis ce chien perdu tout prêt à s'suicider

Quand la mer se ramène avec des étrangers

Homme ou chien c'est pareil on les r'garde naviguer

Et dans les rues d'Lorient ou d'Brest pour les sauver

Y a toujours un marin qui rallume son voilier

Regarde-la ta quille à la mer en allée

La marée de tantôt te l'a tout enjupée

Les bateaux comme les filles ça fait bien du chiqué

Mais quand on s'fout à l'eau faut savoir naviguer

T'as le cœur comme ces rocs vêtus de Chantilly

Quand la tempête y a fait un shampooing dans la nuit

Ta maman t'a croché deux ancres aux doigts de chair

Et les lignes de ta main ça s'lit au fond d'la mer

C'est pas comme en avril en avril soixante-huit

Lochu tu t'en souviens dans ces rues de l'emmerde

On était trois copains au bout de mille nuits

Et le jour qui s'pointait afin que rien ne s'perde

Quand la mer se ramène avec des étrangers

En Bretagne y a toujours la crêperie d'à côté

Et un marin qui t'file une bonne crêpe en ciment

Tellement il y a fourré des tonnes de sentiments

Regarde-la ta barre comme de la Pop musique

Ça fait un vrai bordel chez les maquereaux très chics

La mer a ses anglais avec le drapeau noir

On dirait Soixante-huit qui s'en r'vient du trottoir

Ma maman m'a cousu une gueule de chimpanzé

Si t'as la gueule d'un bar j'm'appelle Pépée Ferré

C'est pas comme en avril en avril de mon cul

Dans ce bar endossé au destin de la rue

Et c'est pas comme demain en l'An de l'An Dix mille

Lochu tu t'en souviens c'était beau dans c'temps-là

La mer dans les Soleils avec ou bien sans quille

Un bateau dans les dents des étoiles dans la voix

Et quand on se ram'nait avec nos Galaxies

Ça faisait un silence à vous mourir d'envie

Et les soirs d'illusion avec la nuit qui va

Dans Brest ou dans Lorient on pleure et on s'en va

L'An Dix mille... Lochu ? Tu t'rappelles ?

L'An Dix mille... Tu t'rappelles ? Lochu ?

L'An Dix mille, l'An Dix mille, l'An Dix mille...

***

Bien entendu, les mots en gras vous dominent.

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Ta maman t'a croché deux ancres aux doigts de chair

Et les lignes de ta main ça s'lit au fond d'la mer

:hein:

J'aimerai bien trouver le sens profond de ces phrases, mais je n'y arrive pas. Que faire ?

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Bon, cette chanson-là est pour moi une profonde complainte sur la vie en général, une sensation de mélancolie, enfin bref.

Pour ce qui est de ce passage, tu auras compris qu'il s'inscrit dans une métaphore filée renforcée par le champ lexical de la mer.

Lorsqu'il parle des ancres aux doigts de chair, il parle des mains. Donc, le corps (et la vie) est un poids, un fardeau, un malaise, il en fait allusion de différentes façons dans le texte. Lorsqu'il poursuit avec "les lignes de la main, ça lit au fond d'la mer", tu peux voir, me semble-t-il, les mains couler, car ce sont des ancres. Et sur elles, les lignes de la main qui sont un symbole du destin.

Je crois qu'avec la poésie de cette qualité, il faut plus ressentir que trouver le sens profond, car la poésie, je le redis, c'est une question de sensations, de vrombissements.

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Je suis d'un autre pays que le votre, d'un autre quartier, d'une autre solitude.

Je m'invente aujourd'hui des chemins de traverse.

Je ne suis plus de chez vous, j'attends des mutants.

Biologiquement je m'arrange avec l'idée que je me fais de la biologie: je pisse, j'éjacule, je pleure.

Il est de toute première instance que nous faconnions nos idées comme s'il s'agissait d'objets manufacturés.

Je suis pret à vous procurer les moules.

Mais, la solitude.

Les moules sont d'une texture nouvelle, je vous avertis.

Ils ont été coulés demain matin.

Si vous n'avez pas dès ce jour, le sentiment relatif de votre durée,

il est inutile de regarder devant vous car devant c'est derrière, la nuit c'est le jour.

Et la solitude.

Il est de toute première instance que les laveries automatiques, au coin des rues,

soient aussi imperturbables que les feux d'arret ou de voie libre.

Les flics du détersif vous indiqueront la case où il vous sera loisible de laver ce que vous croyez etre votre conscience et qui n'est qu'une dépendance de l'ordinateur neurophile qui vous sert de cerveau.

Et pourtant la solitude.

Le désespoir est une forme supérieure de la critique.

Pour le moment, nous l'appellerons "bonheur",

les mots que vous employez n'étant plus "les mots" mais une sorte de conduit à travers lequels, les analphabètes se font bonne conscience.

Mais la solitude.

Le Code civil nous en parlerons plus tard.

Pour le moment, je voudrais codifier l'incodifiable.

Je voudrais mesurer vos danaides démocraties.

Je voudrais m'insérer dans le vide absolu et devenir le non-dit,

le non-avenu, le non-vierge par manque de lucidité.

La lucidité se tient dans mon froc...

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Je suis d'un autre pays que le votre, d'un autre quartier, d'une autre solitude.

Je m'invente aujourd'hui des chemins de traverse.

Je ne suis plus de chez vous, j'attends des mutants.

Biologiquement je m'arrange avec l'idée que je me fais de la biologie: je pisse, j'éjacule, je pleure.

Il est de toute première instance que nous faconnions nos idées comme s'il s'agissait d'objets manufacturés.

Je suis pret à vous procurer les moules.

Mais, la solitude.

Les moules sont d'une texture nouvelle, je vous avertis.

Ils ont été coulés demain matin.

Si vous n'avez pas dès ce jour, le sentiment relatif de votre durée,

il est inutile de regarder devant vous car devant c'est derrière, la nuit c'est le jour.

Et la solitude.

Il est de toute première instance que les laveries automatiques, au coin des rues,

soient aussi imperturbables que les feux d'arret ou de voie libre.

Les flics du détersif vous indiqueront la case où il vous sera loisible de laver ce que vous croyez etre votre conscience et qui n'est qu'une dépendance de l'ordinateur neurophile qui vous sert de cerveau.

Et pourtant la solitude.

Le désespoir est une forme supérieure de la critique.

Pour le moment, nous l'appellerons "bonheur",

les mots que vous employez n'étant plus "les mots" mais une sorte de conduit à travers lequels, les analphabètes se font bonne conscience.

Mais la solitude.

Le Code civil nous en parlerons plus tard.

Pour le moment, je voudrais codifier l'incodifiable.

Je voudrais mesurer vos danaides démocraties.

Je voudrais m'insérer dans le vide absolu et devenir le non-dit,

le non-avenu, le non-vierge par manque de lucidité.

La lucidité se tient dans mon froc...

La solituuuuuuuuuuuuude! Ah! La solituuuuude!

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