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Mythologies ABC


1984
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Déchet(s) recommandé(s)

Un thread qui ne parle que des mythologies ayant été au cours de l'histoire, toute époque et situation géographique confondues, de vos préférées à celles que vous aimez le moins.

http://www.youtube.com/watch?v=9Y1oqVMmWDU

MYTHE N#1

L'épopée de Gilmanesh

Personnage héroïque de la Mésopotamie antique, roi de la cité d'Uruk où il aurait régné vers 2650 av. J.-C., ainsi que dieu des Enfers dans la mythologie mésopotamienne. Il est le personnage principal de plusieurs récits épiques, dont le plus célèbre est l'Épopée de Gilgamesh, qui a rencontré un grand succès durant la Haute Antiquité.

L'Épopée se divise en deux parties principales. Le début présente Gilgamesh, roi tyrannique d'Uruk. Pour faire cesser ses excès, les dieux créent Enkidu, un être capable de le combattre. L'affrontement qui a finalement lieu entre les deux ne voit aucun vainqueur, et au contraire les deux deviennent des camarades. Ils accomplissent ensuite deux grands combats, repris des anciens mythes sumériens : ils défont le géant Humbaba de la Forêt de cèdres du Liban, puis le Taureau Céleste envoyé par le dieu Anu à la demande de sa fille Ishtar que Gilgamesh avait éconduite brutalement. Houmbaba (ou Houwawa), aux pouvoirs magiques exagérés, est un monstre aux pattes de taureau et gueule de lion. Après l'avoir tué, Gilgamesh et Enkidu repartent glorieux à Uruk avec le bois précieux. En représailles, les dieux provoquent la mort d'Enkidu. C'est le tournant de l'œuvre. Mortifié par le décès de son ami, Gilgamesh décide de partir pour trouver un moyen d'éviter la mort. Cela l'amène sur l'île où vit Ut-napishtim le supersage, survivant du Déluge personnage ayant inspiré Noé dans les écrits bibliques.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Gilgamesh

Vidéo en 6 parties.

Je publierai des mythes au gré de mes envies.

Ce thread sera mon petit autel. A vous d'y dresser le votre.

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J'ai passé bien du temps libre dans ma jeunesse à étudier la mythologie nordique pour mon propre plaisir. Props à mon boy Régis Boyer pour avoir traduit et organiser les textes et les poèmes de l'ancienne Edda [poétique], props à mon boy Jean Mabire pour avoir rédigé Légendes de la Mythologie Nordique qui m'a initié et intéressé à la chose mythologique.

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De Pygmalion à Myrrha,

Amants créateurs de père en fille.

"Pygmalion est un sculpteur de Chypre. Révolté contre le mariage à cause de la conduite répréhensible des Propétides(femmes de Chypre) dont il était chaque jour témoin, il se voue au célibat. Mais il tombe amoureux d'une statue d'ivoire, ouvrage de son ciseau : il la nomme « Galatée », l'habille et la pare richement. Lors des fêtes dédiées sur l'île à Aphrodite, il prie la déesse de lui donner une épouse semblable à sa statue. Son vœu est exaucé par cette dernière. Pygmalion épouse Galatée en présence d'Aphrodite et, selon certaines versions, aura d'elle deux enfants : Paphos et Matharmé." Wikipedia

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"Pygmalion les avait vues menant leur vie scélérate,

et s'offusquait des vices sans nombre transmis à la femme. Aussi vivait-il en célibataire, sans épouse, et pendant longtemps personne ne partagea sa couche. Cependant, avec un art admirable, il sculpta de l'ivoire pur, lui donnant une beauté avec laquelle nulle femme ne peut naître ; et il tomba amoureux de son oeuvre. Elle a l'apparence d'une vraie jeune fille, on pourrait la croire vivante et, si la réserve ne la retenait, prête à se mouvoir ; tant l'art se dissimule à force d'art." Ovide, les Métamorphoses

Ainsi naquit Paphos, qui donne un fils au dieu Apollon, Cinyras, roi de Chypre.

"Quand neuf fois la lune eut rapproché ses croissants et rempli son disque lumineux, Paphos vint à la lumière, et l'île hérita de son nom. Tu naquis du même sang, ô malheureux Cinyre, toi que l'on eût compté entre les plus fortunés mortels, si tu n'avais pas éte père.

Je vais chanter un crime odieux. Arrière, jeunes filles. Pères, fuyez, retirez-vous ! Que si mes accents trouvent le chemin de vos coeurs, puisse ma voix ne frapper que des oreilles crédules, ou si vous croyez au forfait, croyez également à la punition.

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Ah ! la nature permet-elle d'ajouter foi à la réalité d'un tel crime ! 0 Peuples de l'Ismarie, ô mes frères, je vous en félicite ; j'en félicite la terre que nous habitons ; nous sommes loin des lieux maudits, theâtre de ces épouvantables scènes. Le précieux amome, le cinname, le nard embaumé, l'encens que distille un bois aride, peuvent orner le sein de la fertile Arabie. Eh ! ne produit-elle point l'arbre de Myrrha ? C'est payer trop cher une nouvelle parure. Non, ce n'est point l'amour qui te blessa de ses traits ; il s'en défend, Myrrha. Sa torche n'est point complice de ta flamme incestueuse. Non, c'est un brandon du Styx qui l'alluma en toi ; non, c'est la bouche empoisonnée de l'une des furies qui le souffla dans ton sein ! On est criminel de haïr un père : mais un tel amour ! c'est un forfait bien plus détestable que ta haine. Toute une élite de princes est là qui recherche ta main ; toute la jeunesse de l'Orient se dispute l'honneur de partager ta couche ; choisis entre tous, Myrrha, prends l'un d'eux ; prends, mais excepte quelqu'un dans le nombre.

Myrrha le sent bien : elle combat cet horrible amour. «Hélas ! dit-elle, ou laissé-je égarer mes voeux et mon esprit ? 0 dieux ! que j'implore, ô Piété, ô droits sacrés de la nature, prévenez un tel attentat. Souffrirez-vous un si grand crime ? Mais est-ce un crime en effet ? Non, le sang ne condamne point les feux dont je brûle. Eh ! les animaux ne s'assemblent-ils pas sans choix ? Est-ce une honte pour la génisse de s'unir avec son père ? Le coursier prend sa fille pour compagne, le bélier rend féconde la brebis qu'il a mise au jour, l'oiseau dépose dans le sein maternel le germe qui doit le reproduire. Heureux privilège ! l'homme s'est fait des lois bizarres dont la jalouse rigueur défend ce que la nature autorise ; et pourtant, on l'assure, il est des contrées où le fils et la mère, le père et la fille, enchaînés par un double lien, voient l'amour accroître leur tendresse. Hélas ! que ne suis-je née en ces lieux ! C'est le hasard qui m'opprime, le hasard de la naissance. Mais pourquoi retomber dans mes funestes pensées ? Loin de moi, désirs illégitimes ! Oh ! il mérite d'être aimé, mais d'être aimé comme un père. Eh quoi ! si je n'étais pas la fille de Cinyre, du noble Cinyre, je pourrais dormir dans ses bras. Ainsi donc c'est parce qu'il m'est tout qu'il ne m'est rien. Tout mon malheur est de lui tenir de trop près. Une étrangère serait plus heureuse. Ah ! fuyons, quittons les champs de la patrie ! Etouffons mon crime et mon amour ! Mais une illusion décevante me retient. Etre là, auprès de Cinyre, le voir, le toucher, lui parler, sentir sa bouche sur la mienne, c'est beaucoup à défaut d'autre espérance. D'autre espérance ! Et que peux-tu prétendre au delà, fille impie ? Quoi ! ces noms, ces droits que tu profanes, ne les connais-tu pas ? Dis, seras-tu la rivale de ta mère, la fille de ton amant, la soeur de ton fils, et la mère de ton frère ? Ne crains-tu donc pas les sombres serpents qui sifflent sur la tête des furies, ces torches vengeresses, menaçantes, qu'elles agitent devant les yeux des coupables épouvantés ? Ah ! puisque ton corps est exempt de souillure, interdis au crime l'accès de ton âme. La nature a des lois souveraines ; ta flamme monstrueuse en violerait la sainteté. Crois-tu qu'il se rende à tes voeux, lui, ton père ? Jamais ; il est trop pur, trop fidèle au devoir. Oh ! comme je voudrais qu'il partageât mon égarement !»

Elle dit. Cependant Cinyre, qu'une foule d'illustres prétendants fait hésiter sur le choix d'un gendre, les nomme à sa fille, et lui demande quel époux elle préfère. Myrrha se tait d'abord. Les yeux attachés sur son père, elle rougit, et des pleurs viennent mouiller ses paupières brûlantes. Cinyre voit dans ces larmes le trouble d'une vierge pudique. Il sèche les pleurs, il essuie les joues de Myrrha, et sa bouche lui donne un baiser pour elle trop plein de délices. Il l'interroge de nouveau. «Quel est l'époux que tu désires ? - Un époux comme toi», dit-elle. Cinyre approuve la réponse : il n'a pas compris. «Bien, ma fille, conserve toujours une piété si tendre». A ce nom qui te reproche ton crime, tu baisses la tête, ô vierge infortunée !

La nuit avait fait la moitié de sa course, et dans l'âme des mortels la douleur s'était endormie. Mais la fille de Cinyre veille. En proie à l'indomptable feu qui la consume, elle roule des pensées frénétiques. Tantôt elle désespère, tantôt elle veut tout affronter ; elle craint, elle désire tour à tour. Que faire ? Elle l'ignore. Ainsi, blessé par la cognée, chancelle un grand arbre ; le dernier coup va l'abattre : où tombera-t-il ? On ne sait, mais de toutes parts on craint sa chute. Ainsi l'âme de Myrrha, ébranlée par maint assaut, penche, hésite, balance ; âme légère qui ne trouve en elle-même ni ressorts ni contre-poids. Nul terme, nul remède à son amour que la mort. La mort ! Elle s'y résigne. Elle se lève. Un lacet terminera sa vie ; elle l'a juré. Déjà sa ceinture est fixée au lambris. «Cher Cinyre, adieu ! puisses-tu devenir la cause de ma mort !» Et pâle, elle nouait à son cou le lien funeste.

Ces accents confus parvinrent, dit-on, aux oreilles de la nourrice de Myrrha. Gardienne attentive, elle reposait au seuil de son élève. La vieille sort de sa couche, ouvre la porte, et le premier objet qui s'offre à ses yeux, c'est l'instrument de trépas. Pousser un cri, se meurtrir le sein, déchirer ses vêtements, arracher, mettre en pièces le lacet homicide, tout cela est l'ouvrage d'un instant. C'est alors, c'est à la fin qu'elle donne un libre cours à ses larmes, qu'elle embrasse la jeune fille, qu'elle veut connaître la cause d'un tel désespoir.

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La jeune fille se tait ; muette, immobile, elle regarde la terre. Hélas ! pourquoi l'a-t-on surprise ? Pourquoi ces longs apprêts ont-ils retardé sa mort ? La vieille insiste. Par ses cheveux blancs, par ses mamelles qu'elle découvre, ses mamelles arides, par le berceau de Myrrha, par les soins qu'elle prit de son enfance, elle l'adjure de lui confier le secret de ses douleurs. Vaines prières ! Myrrha se détourne et ne peut que gémir. La nourrice redouble d'instances. Elle lui promet plus que de la discrétion. «Parle, dit-elle, accepte mes faibles secours ! Oh ! je ne suis pas engourdie par la vieillesse. Est-ce trouble d'esprit ? je sais qui te guérira avec des paroles et des plantes. Est-ce quelque sort malin ? on te purifiera d'après les rites de la magie. Est-ce colère des dieux ? un sacrifice apaise le courroux céleste. Que penser ? La fortune nous sourit, la maison est florissante, tout va bien ; tu as encore ta mère et ton père». A ce nom de père, Myrrha tire un soupir du plus profond de son coeur. La nourrice ne craint pas encore un crime ; mais elle soupçonne un amour malheureux. Décidée à pénétrer ce mystère, quel qu'il soit, elle prie son enfant de lui tout révéler ; elle la soulève pleurante sur son sein flétri de vieillesse, et la pressant ainsi dans ses bras débiles : «Je comprends, dit-elle, tu aimes ; mais, va, rassure-toi, mon zèle peut te servir en cela : ton père ne s'en doutera jamais». Myrrha s'est arrachée de ses bras ; furieuse, elle imprime ses dents sur sa couche. «Eloigne-toi, par pitié, épargne ma misère et ma honte ; n'insiste pas ; va-t'en, ou cesse, ajoute-t-elle, de me demander ce que je souffre... Ce que tu veux savoir, c'est un crime».

La vieille frissonne ; elle lui tend ses mains, ses mains que l'âge et la crainte ont rendues tremblantes ; elle tombe aux pieds de son élève, et là, suppliante, prosternée, elle implore tour à tour les caresses et les menaces. Elle saura tout, sinon elle ira tout confesser, lien fatal, projet de mort : que Myrrha lui confie son amour, elle lui promet son assistance. Myrrha lève la tête, et les larmes dont elle est baignée inondent le sein de sa nourrice. Elle s'efforce de parler : sa voix expire. Enfin, couvrant d'un voile la rougeur de son front : «Oh ! dit-elle, que ma mère est une heureuse épouse !» Elle s'arrête, suffoquée de sanglots. La nourrice a deviné ; dans ses membres, jusqu'au fond de ses os, pénètre le frisson de l'horreur, et sur sa tête blanchie tous ses cheveux se hérissent et se tiennent droits d'épouvante. En vain pour étouffer, s'il est possible, cet horrible amour, la vieille s'épuise en remontrances. Myrrha sent la justesse de ses conseils ; mais c'en est fait, elle mourra si elle n'a pas celui qu'elle aime. «Vivez donc, dit la nourrice, vous aurez votre...» Elle n'ose dire votre père ; elle se tait, mais elle prend les dieux à témoin de sa promesse.

C'était l'anniversaire des fêtes de Cérès, de ces fêtes solennelles où, revêtues d'habits éclatants de blancheur, les femmes portent à la déesse, en guirlandes dorées, les premiers fruits de la moisson. Pendant neuf jours elles se refusent à Vénus, aux joies de l'hymen que la chasteté condamne. Au milieu d'elles, la reine Cenchréis, éloignée de son époux, célèbre les pieux mystères. Or, tandis que l'épouse fuit la couche nuptiale et ses légitimes plaisirs, la nourrice que son zèle égare, trouvant Cinyre échauffé par l'ivresse, lui peint sous un faux nom l'amour, hélas ! trop réel, d'une jeune fille dont elle lui vante les attraits. Cinyre demande son âge : «L'âge de Myrrha», dit la nourrice. Elle reçoit l'ordre de l'amener et court en hâte rejoindre son élève. «Bonne nouvelle, ma fille, victoire !» L'infortunée Myrrha ne livre pas son âme à une entière allégresse ; un sinistre pressentiment l'accable, et toutefois elle se réjouit, tant le coeur est plein de contradiction.

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Voici l'heure du silence. Parmi les étoiles de l'Ourse, le Bouvier dirige obliquement le timon de son char. Myrrha va consommer son crime. La lune s'enfuit. Elle voile son front argenté. Les astres obscurcis se couvrent de sombres nuages. La nuit éteint ses flambeaux. Le premier de tous, Icare dérobe sa face à la pieuse trigone que l'amour filial immortalise. Coupable Myrrha ! Trois fois elle chancelle sans retourner en arrière ; trois fois le hibou répète à son oreille son lugubre avertissement. Elle va... La nuit, les profondes ténèbres affaiblissent encore un reste de pudeur ; d'une main elle tient la main de sa nourrice, de l'autre elle tâte l'ombre et interroge l'obscurité. Déjà elle touche au seuil nuptial ; déjà la porte s'ouvre ; déjà elle pénètre dans l'enceinte. Mais ses genoux tremblants fléchissent ; pâle, glacée, ses forces l'abandonnent en chemin. Plus l'instant fatal avance, plus elle frémit d'horreur, plus elle se repent d'avoir osé. Que ne peut-elle, sans être connue, revenir sur ses pas ! Elle hésite. La vieille l'entraîne par la main ; elle la pousse vers le lit pompeux, et, la livrant à Cinyre : «La voilà ,dit-elle, elle est à vous» ; et d'horribles embrassements les unissent. Cinyre reçoit la fille de ses entrailles dans sa couche incestueuse. La jeune fille tremble ; il la rassure, il apaise son effroi. Peut-être usant des droits de l'âge, il l'appelle mon enfant, peut-être répond-elle mon père. Rien ne doit manquer au crime, rien, pas même les noms.

Myrrha sort du lit paternel. 0 forfait ! elle est mère ! Elle porte dans son flanc le gage d'un amour odieux, elle a conçu de l'inceste! La nuit du lendemain renouvelle sa honte, et cette nuit n'est pas la dernière. Mais enfin Cinyre veut connaître son amante, après tant de doux plaisirs ; un flambeau la montre à ses yeux : il voit sa fille et son déshonneur. La parole expire sur sa bouche ; furieux, il saisit son épée suspendue aux parois.

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Le fer brille hors du fourreau. Myrrha s'enfuit dans les ténèbres ; la nuit sombre la dérobe à la mort. Seule, errante dans les vastes campagnes, elle abandonne les palmiers de l'Arabie et les plaines de Panché. Neuf fois le retour du croissant nocturne avait éclairé ses courses vagabondes, lorsque, brisée de fatigue, elle se laisse tomber sur la terre de Saba. Hélas ! son flanc portait à peine le fardeau de la maternité ; alors, ne sachant quels voeux former, partagée entre la crainte de la mort et le dégoût de la vie, voilà les prières qu'elle adresse aux dieux : «Ah ! si le repentir vous désarme, entendez-moi, dieux justes ! Oui, j'ai mérité mon sort et j'en accepte la rigueur ; mais épargnez aux morts comme aux vivants l'opprobre de ma présence ; bannissez-moi de l'un et de l'autre séjour ; changez mon être, et que la mort et la vie me soient également refusées». Le ciel, que le repentir désarme, bénit les voeux suprêmes de Myrrha.

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Elle parle encore, et déjà la terre recouvre ses pieds, ses ongles se divisent ; il en sort des racines tortueuses, solide appui du tronc qui s'allonge ; les os deviennent bois, et la moelle y circule toujours ; le sang a formé la sève ; les bras sont les grands rameaux ; les doigts, les branches légères ; la peau se durcit en écorce ; déjà l'arbre s'élève : il presse le sein que le crime a fécondé ; la gorge est ensevelie : le cou même va disparaître. Myrrha n'attend pas son destin ; elle prévient le bois qui la gagne, et s'affaissant sur elle-même, elle se plonge au fond de son tombeau. Mais tout en perdant, avec sa forme, le sentiment de ses douleurs, elle pleure encore, et l'arbre qui l'emprisonne distille goutte à goutte de tièdes et précieuses larmes ; cette liqueur embaumée, c'est la myrrhe qui conserve son nom, et qui perpétuera sa mémoire jusque dans les siècles futurs."

Cependant le fruit de l'inceste a crû sous le bois maternel, et cherche à se dégager des liens qui le captivent. L'arbre en travail s'enfle, se tend. Le fardeau de l'amour déchire ses flancs douloureux, et la voix manque à l'expression de la souffrance. Myrrha ne peut invoquer le secours de Lucine ; mais elle semble prête à enfanter. Elle se recourbe, elle pousse des soupirs profonds, et des larmes roulent sur son écorce humide. L'indulgente Lucine accourt : elle touche de la main les rameaux gémissants et prononce les paroles libératrices. L'arbre s'entr'ouvre, l'écorce fendue rend à la vie son tendre dépôt. L'enfant crie : les Naïades le reçoivent, le couchent sur l'herbe molle, et l'arrosent des pleurs de sa mère. Sa beauté forcerait le suffrage de l'envie elle-même. Telle, oui, telle est la gracieuse nudité que le pinceau prête aux Amours. Adonis leur ressemble : pour qu'il ne manque rien à la ressernblance, ou donnez-lui leurs flèches légères, ou ôtez-les à ses rivaux !"

Ovide, Les Métamorphoses, Livre X

http://www.mediterra...es/livre10.html

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  • 10 mois plus tard...

Psyché

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Psyché est la fille d'un roi. Elle est d'une beauté si parfaite qu'elle excitera la jalousie d'Aphrodite, à laquelle on la compare. Elle a deux sœurs aînées, d'une grande beauté également, mais sur lesquelles Psyché l'emporte de loin ; toutefois, contrairement à ses sœurs, elle ne trouve pas d'époux, car les foules se contentent de venir la contempler comme une œuvre d'art et la vénérer comme une déesse. Aphrodite (Vénus chez les Romains), jalouse de cette rivale et offensée par un tel sacrilège, ordonne à Éros (Cupidon) de la rendre amoureuse du mortel le plus méprisable qui soit. Cependant, alors que le dieu s'apprête à remplir sa mission, il tombe lui-même amoureux de Psyché en se blessant avec l'une de ses propres flèches.

Le père de Psyché, désespéré de voir que sa fille ne trouve pas d'époux, se rend à Delphes pour supplier Apollon de permettre à Psyché de se marier. La Pythie est catégorique : Psyché doit être abandonnée sur un rocher au sommet d'une colline, où viendra la chercher son futur époux, un monstrueux serpent volant. Désolé mais résigné, le père de Psyché exécute les ordres divins et abandonne Psyché à son funeste destin. Cependant, Zéphyr, le doux Vent de l'ouest, emporte la jeune femme jusqu'à une merveilleuse vallée. Il dépose délicatement la princesse dans l'herbe tendre, non loin d'un magnifique palais. Psyché y pénètre et y découvre un savoureux festin qui l'attendait ; elle est servie par des personnages invisibles, dont elle entend seulement les voix. Elle s'endort ensuite dans une chambre somptueuse.

Plus tard dans la nuit, son mystérieux époux (Éros) la rejoint, lui demandant de ne jamais chercher à connaitre son identité, cachée par l'obscurité de la chambre. Toutes les nuits, il lui rend visite puis la quitte avant l'aurore. La jeune femme apprécie de plus en plus les étreintes et les mots doux qu'ils échangent alors. Rien ne manque au bonheur de Psyché, si ce n'est de connaître le visage et le nom de son amant nocturne, et de revoir sa famille. Ses deux sœurs, amenées au palais par Zéphyr, sont folles de jalousie face à tant de richesse et de bonheur. Elles cherchent à persuader Psyché que son époux n'est rien d'autre qu'un horrible monstre qui finira par la dévorer. Terrifiée à cette idée, elle profite du sommeil de son amant pour allumer une lampe à huile afin de percer le mystère. Elle découvre alors le jeune homme le plus radieux qu'elle ait jamais vu. Mais une goutte d'huile brûlante tombe sur l'épaule du dieu endormi, qui se réveille aussitôt et s'enfuit, furieux d'avoir été trahi.

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magnify-clip.pngL'Enlèvement de Psyché, par William Bouguereau.

Folle de chagrin et de remords, Psyché se jette dans une rivière. Mais la rivière, compatissante, la dépose sur la berge, où est assis le dieu Pan. Ce dernier conseille à Psyché de tout faire pour reconquérir l'amour d'Éros. Alors la princesse part à la recherche de son amant. Elle erre de temple en temple, sans succès. Enfin, elle parvient au palais d'Aphrodite, qui la soumet à toutes sortes d'épreuves, comme une esclave :

  • D'abord, elle doit trier, en une soirée, un énorme tas de grains de variétés différentes. Par bonheur, des fourmis, prises de pitié, l'aident à accomplir sa tâche, et le tas est trié à temps.
  • Ensuite, elle est contrainte de rapporter à Aphrodite de la laine de moutons à la toison d'or, qui paissent dans un pré au-delà d'une dangereuse et profonde rivière. Un roseau, ému par l'infortune de la jeune femme, lui indique la marche à suivre.
  • Puis elle doit rapporter de l'eau du Styx, puisée à même la source. Cette dernière se situe au sommet d'une haute montagne gardée par des dragons. Cette fois, c'est l'aigle de Zeus (le roi des dieux) qui vient au secours de Psyché tandis qu'elle gravit la montagne. L'aigle va remplir une fiole avec de l'eau du Styx, et la remet à Psyché.
  • Enfin, la jeune femme doit mettre dans une boîte une parcelle de la beauté de Perséphone, la reine des Enfers. Épuisée, Psyché est à nouveau tentée de mettre fin à ses jours. Elle est sur le point de se jeter du haut d'une tour quand, soudain, la tour commence à lui parler, la convainc de rester en vie et lui indique même comment réussir cette épreuve. Ainsi, elle parvient à récupérer une parcelle de la beauté de Perséphone. Mais sa curiosité la perd : pensant que la beauté de la déesse l'aidera à reconquérir Éros, Psyché ouvre la boîte et, aussitôt, plonge dans un profond sommeil, pareil à la mort.

Entre-temps, Éros s'est échappé du palais d'Aphrodite, qui l'y avait enfermé. Toujours épris de Psyché, il la ranime doucement avec la pointe d'une de ses flèches. Puis il l'emmène devant Zeus en personne, qui convoque les dieux de l'Olympe (dont Aphrodite, enfin apaisée), et annonce publiquement le mariage d'Éros et Psyché. Celle-ci est invitée à consommer l'ambroisie, ce qui lui confère l'immortalité. Le dieu et la nouvelle déesse sont alors unis en présence de tout le Panthéon, et un merveilleux banquet s'ensuit.

Quelque temps plus tard, Psyché donne à Éros une fille, nommée Volupté. L'amour (Éros) et l'âme (Psyché) sont ainsi réunis pour l'éternité.

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