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Génération slasher


1984
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Ils sont parmi nous ! Les slashers envahissent l’open-space ! Ces actifs cumulant volontairement plusieurs jobs se multiplient, dans la plus grande discrétion. Marielle Barbe, auteure deProfession Slasheur (Marabout, 2017), nous Ndévoile l’incroyable vérité sur ces bosseurs ambidextres.

Photo de Une : Brice Krum 

Quel est le profil moyen du slasher ? Niveau d’études, de salaire, secteur d’activité… ?

En fait, les statistiques mélangent un peu tout. Elles parlent de pluri-actifs, et confondent les intérimaires avec les slasheurs. La dernière vraie étude sur les « multiactifs » date de 2016. Autant dire la préhistoire !

Alors que de plus en plus de Français doivent cumuler 2 jobs pour joindre les deux bouts, le slashing apparaît comme un privilège d’insider, non ?

Plus vraiment. Certains de ceux que j’ai rencontré pour écrire mon livre sont devenus slashers… par hasard. Après un licenciement ou un accident de la vie. Je pense notamment à cette journaliste passionnée de déco, virée à 55 ans d’un grand magazine, contrainte de redevenir pigiste. Pour mettre du beurre dans les épinards, elle a lancé, en parallèle, sa boîte de décoration d’intérieur. Assez vite, cette activité accessoire est devenue une véritable source de revenus. Mais pour autant, elle n’a pas lâché le journalisme, parce qu’elle adore son métier. Elle a simplement trouvé son équilibre entre des activités complémentaires. Voilà comment on peut devenir slasheur.

CDI vs Passion ?

On dit souvent que le slasher est un(e) cadre qui cumule un métier alimentaire avec un métier passion. Cette image est-elle juste ?

J’aime bien parler de « salariat hybridé ». Il y effectivement souvent d’un côté le métier « stable » (CDI), et de l’autre le job aventure en auto-entreprise. Comme l’explique Dénis Penel, le CDI reste un graal en France, pas comme on pourrait le penser parce que la sécurité de l’emploi fait rêver, mais pour ce qu’il permet, comme simplement pouvoir louer un appartement, ou obtenir un prêt pour acheter une maison.

J’ai l’exemple d’une pilote de ligne canadienne que j’ai interviewée, qui passe ses jours de congés à faire de la numérologie. Piloter est son rêve d’enfance et la numérologie sa passion d’adulte. Deux passions, deux métiers, deux statuts.

Par contre, c’est différent pour les nouvelles générations. Les jeunes ne restent pas longtemps dans un CDI alimentaire. Ils posent leur démission au quart de tour. Je pense à une jeune diplômée d’HEC qui n’a pas hésité à lâcher un poste de consultante dans un grand cabinet d’audit pour se lancer dans une carrière de stand-uppeuse… Tout en servant dans un bar pour payer son loyer. Les entreprises ne voient pas ce qui va leur tomber dessus [avec la Génération X, ndlr].

c'est quoi un slasher

Comment expliquez-vous cette révolte des premiers de la classe, dont parle aussi Jean-Laurent Cassely ?

C’est l’échec total de notre système d’orientation scolaire. On ne compte plus les erreurs d’aiguillage. Notamment à cause de l’injonction de passer par des cursus scientifique pour accéder aux grandes écoles.

C’est général. L’école à mon sens, passe à côté d’une de ses fonctions essentielles : nous apprendre à nous connaître. À découvrir quels sont nos talents et nos multiples formes d’intelligence. L’école impose un modèle unique, alors qu’en réalité, chez la plupart des gens, 1 + 1 = 3 ! Elle devrait nous aider à faire émerger et à assumer notre singularité, celle qui permettrait à chacun d’être à la juste place qui est la sienne.

On formate les gens à devenir experts. Mais, en 30 ans, les experts se sont fait doubler par… Internet ! Les entreprises ne s’en rendent pas encore compte. Leurs employés sont des avions de chasse, et les entreprises leurs courent après à dos de mammouth ! C’est ce décalage énorme qui participe à créer les burnouts, les bore-out, l’absentéisme, etc.…

Si les entreprises invitaient leurs salariés à la créativité et l’initiative, on irait vraiment beaucoup mieux ! Et ce serait gagnant-gagnant pour les boîtes. Contrairement à ce qu’on pense en France, c’est tout à fait possible de changer. La preuve : le gouvernement canadien à réformé le statut des fonctionnaires pour attirer les jeunes. Désormais, on a plus de poste « à vie », mais on est invité à changer tous les 3 ans, selon ses aspirations. Génial non ?

 

Que conseilleriez-vous à un créatif, qui, comme moi, passe son temps à mouliner du jus de crâne devant son écran ?

De bosser aussi dans un potager partagé, de customiser des meubles et les revendre ou d’aider une assoc ! L’esprit a besoin de diversité pour se recharger. On ne peut pas être créatif 24h/24, sinon on s’épuise. L’équilibre, c’est d’utiliser autant sa tête que son corps et son cœur. Quoi de plus logique lorsque l’on sait que selon l’OMS, “La santé est un état complet de bien-être physique, mental et social.. On n’est pas des têtes sur pattes !

Deux métiers = zéro vie privée ?

On n’a pas besoin d’être slasheur pour bosser 18 heures par jour. N’importe quel avocat ou publicitaire vous le dira ! Par contre, le gros problème du slasheur c’est de devoir faire la compta de sa micro-entreprise à 22 heures après une journée de boulot et une soirée en famille ! Il va falloir que les pouvoirs publics nous simplifient vraiment la vie. Je connais des slasheurs qui cumulent 4 statuts (CDI, auto-entreprise, droits d’auteurs, associé d’une SAS). Au niveau de la sécurité sociale et des impôts, c’est un véritable casse-tête administratif. Et parfois, très très casse-gueule.

-La photo de l'ET est de mon ex-collègue de Vente-privée, Brice Krummenaker. Allez voir son travail, c'est vraiment cool)-

J'ai découvert le terme "Slasher" quand j'étais à vente privée, et je me suis tout de suite dit que c'était une vraie logique d'avenir. En effet, j'avais déjà remarqué, notamment sur le forum, cette tendance que les québécois avaient de mêler études et travail, ce qui est déjà l'amorce de quelque chose : de nos jours on ne peut être en études longues sans trouver une source de revenus à côté, même si physiquement, c'est particulièrement difficile. Je n'ai jamais réussi à adopter ce fonctionnement, ce qui fait de moi une ENORME FEIGNASSE.

Mais bref, au fil du temps, j'ai réalisé que j'avais le profil du slasheur ( comme la plupart de la génération Y & Z), je vois ça plutôt comme des cordes à mon harpe.

Dans la vie, mon but n'est pas d'amasser, mais d'expérimenter, et ce qui me rassure ce n'est pas d'avoir, mais c'est d'être. Ainsi, à chaque fois que je délaisse une activité, c'est pour mieux la retrouver plus tard lorsque l'occasion s'y prête. Mon premier job était l'animation, après avoir suivi les deux premiers stages du BAFA, au troisième, j'ai lâché ( je suis tombée chez de grands malades qui jouaient avec les restes d'animaux écrasés; voila) mais j'ai peut-être l'occasion d'utiliser ces skills aux Maldives, où j'ai une belle opportunité de poste (pour l'instant, stand by, mais je sais que ça va me revenir comme un boomerang). J'ai fait du bar à 18 ans, je m'y suis retrouvée à nouveau à 28. J'ai commencé le dessin jeune, et je me retrouve de temps en temps avec des commandes, j'ai même envisagé de devenir tatoueuse, mais je garde ce projet pour une autre ère. La photo, le marketing et la logistique m'ont saoulée après 10 ans d'exercice, après une pause j'y retourne en faisant de l'évènementiel et des projets culturels qui me semblent hyper prometteurs. Et puis là, je vais me partir deux ou trois ans en psycho pour obtenir une licence et viser des postes de conseillers en compétences (et non pas psychologue, ce job indé sans avenir), métier qui sans être très bien payé, se trouve très facilement et m'offrira sans doute de belles des réjouissances humaines, surtout si je peux travailler avec des adolescents et leur faire subir toute une batterie de test pour sizer leur potentiel :adore:. Je tiens à continuer les bijoux en utilisant la lithothérapie ( le délire des pierres) et la résine, quitte à vraiment devenir cette personne manuelle que je n'ai jamais été; bien entendu si je peux me frotter à de nouvelles activités artistiques, ce sera avec grand bonheur. 

 

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ET VOUS

Slashez Vous ?  Pensez vous à le faire ? Que pensez vous de l'avenir concernant les carrières ? Quels sont vos skills ? Racontez nous tout ça.

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  • 2 semaines plus tard...

C'est compliqué de slasher. J'ai décidé de le faire il y a quelques mois en reprenant aussi la musique, mais dans les faits, c'est dur à gérer quand on a une activité qui fonctionne et qu'on est à son compte parce qu'on peut pas vraiment compter ses heures. C'est pas comme quand on a choisi d'être salarié à mi-temps et de consacrer le reste de la semaine à autre chose, il n'y a pas d'horaires fixes, on ne sait jamais notre charge de travail à l'avance. Bref, si j'arrive à mettre 10 h de côté par semaine pour la musique, j'ai l'impression d'avoir gagné au loto et je peux pas dire que ça avance comme je le voudrais.

L'article est intéressant même si je suis pas trop d'accord avec le diagnostic en lui-même, qui fait un peu bobo parisien (le passage sur le bac S et les grandes écoles, ça ne concerne que certains milieux). Les parents français préfèrent souvent que leurs enfants fassent un cursus scientifique mais ils sont quand même assez souples généralement, l'enfant a son mot à dire en France, on passe des tests d'orientation assez jeunes, etc. C'est vrai qu'on valorise pas assez les autres parcours mais j'ai surtout l'impression que le cœur du problème, c'est qu'on ne peut plus faire confiance à son entreprise. On sait très bien qu'ils n'hésiteront pas à nous pousser au bord de la dépression ou à délocaliser, etc. Les grandes boîtes, pour beaucoup de monde, c'est le démon. Qui a envie de construire sa vie en fonction de ça ?

Ce qui me dérange quand même un peu dans cette attitude, c'est qu'en touchant à trop de choses, on se spécialise jamais vraiment, on ne développe jamais à fond nos capacités dans un domaine (et nos revenus non plus, c'est pas un gros mot).

 

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