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L'accent québécois authentique en voie d'extinction


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La mystérieuse histoire du "r" chanté

Jusqu’au 18e siècle, tout le monde prononçait le "r" roulé, sans distinction géographique ou sociale. 

Faire rouler les "r", c’est faire vibrer la langue contre son palais. On le retrouve dans la langue arabe, chez les Espagnols ou encore les Ecossais. En France, ce "r" roulé a disparu de la prononciation parisienne aux alentours du 18e siècle, d’abord de la Cour, puis des bourgeois désirant imiter la Cour, puis du peuple.

Le R parisien, celui de Piaf, grasseyant au fond de la gorge, est devenu à la mode au 19ème siècle, et s’est répandu dans toute la France. Les chanteurs français avaient l’habitude de rouler les "r" jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. On peut l’entendre dans les enregistrements de Charles Trenet ou encore Maurice Chevalier.

Si Chevalier essaie de rouler ses R quand il chante, c’est soit pour se conformer à l’enseignement du Conservatoire, qui continue à faire loi chez les chanteurs ou les acteurs en termes d’articulation, soit pour faire comme les grands chanteurs qu’il a entendus.

La prononciation du "r" est moins une question esthétique qu’un impératif lié au chant et à la technique vocale. En effet, le "r" grasseyé se produit avec la glotte. Il interrompt donc la ligne de chant, et nuit à la voyelle qui suit.

Le "r" roulé est finalement un moyen de pallier cette difficulté, permettant de conserver le legato, c’est-à-dire la ligne vocale : la phrase est un flux continu, sans accrocs. Le problème, c’est que lorsqu’il est appuyé, on pourra trouver qu’il fait vieillot, vieille école, emprunté, ridicule, old fashion. Finalement, c’est une question de dosage.

 

Au Palazzetto Bru Zane, le centre de recherche autour du répertoire romantique français du 19e, Alexandre Dratwicki réfléchit beaucoup à ces questions de dictions, inhérentes au travail d’interprétation. Il dit, à propos de cette nouvelle génération de chanteurs, qu’ils approchent une forme de perfection de la langue française chantée. C’est une génération qui ne cherche plus le volume, qui ne travaille plus "à l’italienne ou à l’américaine": le beau chant deviendrait donc une mise en voix du texte, davantage qu’une performance physique de volume et d’ambitus.

Pour lui, le premier problème de la non-compréhension du français chanté, c’est de ne pas chanter en voix naturelle. En effet, grossir ou assombrir le son dans un idéal de voix lyrique belcantiste se ferait au détriment du texte. Et si le chant était une forme de déclamation ?

https://www.rtbf.be/article/la-mysterieuse-histoire-du-r-chante-11157831

 

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