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La Russie survivra-t-elle jusqu'en 2024 ?


Déchet(s) recommandé(s)

Part de la Chine dans le PIB mondial, en %

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La déchéance de la Chine jusqu’à une fraction dérisoire de 2 % du PIB mondial en 1980 à pour cause:l ’absolutisme, le repli sur soi, les guerres de l’opium, les rébellions intérieures, l’oppression occidentale, les invasions japonaises, les guerres intestines et la dictature de Mao Tsé-toung. En 1980, le revenu par habitant de la Chine en faisait l’un des pays les plus pauvres de la terre.

La remontée de la Chine de 1980 à 2019 est généralement attribuée aux réformes agricoles, industrielles et financières lancées par Deng Xiaoping à partir de 1978. Elles ont progressivement remplacé la planification centralisée par une approche d’« économie socialiste de marché », plus flexible, quoique étroitement surveillée par le Parti communiste. L’ouverture du régime à un peu plus de liberté a réussi à placer l’économie sur une trajectoire de croissance accélérée, comme on avait vu cela se produire antérieurement au Japon, en Corée du Sud et à Taïwan.

L'Union soviétique a existé pendant 69 ans et pendant presque tout ce temps-là, il n'y avait pas de marché au sens habituel du terme. Il y avait une économie planifiée.  Constituant des centaines de bilans intersectoriels et interterritoriaux s’étendant sur des dizaines de milliers de pages, ces plans ne pouvaient pas être corrélés les uns aux autres.

Si le concept de l'économie soviétique devait être expliqué en un mot, ce serait Gosplan (plan d’État). Il décidait quels biens et quelle quantité produire dans toutes les usines et entreprises du pays. Toutefois, le problème du plan était qu’il était basé non pas sur des besoins réels, mais sur la conception des bureaucrates soviétiques concernant ce qui devait être produit.

Les marchandises étaient vendues à des prix fixes (certaines marchandises étaient vendues à perte, car le prix avait déjà fixé) et n'étaient pas vendues partout. Les villes étaient divisées en catégories : certaines recevaient les marchandises en premier, d’autres en dernier. En règle générale, à Moscou, il y avait sinon tout, du moins beaucoup de choses, et on s’y rendait de tout le pays pour acheter des marchandises.

Le manque d'argent n'était pas un problème pour l'homme soviétique : il gagnait plus que ce qu'il était capable de dépenser, car les produits n'étaient tout simplement pas en libre-accès. Seuls 14% de la production parvenait aux magasins, les 86% restants étant distribués par des méthodes de commande administrative. De nombreux biens distribués de la sorte, dans les entreprises, instituts ou filiales, tombaient plus facilement entre les mains de ceux qui étaient bien vus, c’est-à-dire fidèles à l’État.

En ce qui concerne les entreprises, aucune d'entre elles ne pouvait être en faillite. Au lieu de cela, les ministères redistribuaient les fonds des entreprises rentables aux sociétés non rentables. Cela a complètement tué l'initiative en matière de production.

En 1920, l'économiste Ludwig von Mises soulignait le problème suivant : là où il y a une économie planifiée, il y a des pénuries. Le modèle de marché où « la demande régule l'offre » n'existait tout simplement pas.

Dans les années 1930, l'URSS a commencé à vendre à l'ouest tout ce qui pouvait être vendu (des céréales aux fourrures en passant par les chefs-d'œuvre des musées), souvent à des prix trop bas, c’était clair. Le pays avait besoin de prêts extérieurs et de devises.

Le principal moteur de la croissance économique était l’industrie. L’URSS étant un système vivant dans l’attente permanente de la prochaine guerre, l’industrie lourde, la défense, la métallurgie des métaux ferreux - tout ce qui contribuerait à la victoire de cette guerre - étaient prioritaires et constituaient une part importante du PIB. Ce qui n’était pas le cas des biens de consommation civils.

Les communistes étaient les otages de leur propre idéologie - la concurrence, selon Marx, conduit à des crises. La compréhension que le système se fissurait est apparue au milieu des années 1960. Le président du Conseil des ministres de l'URSS, Alexeï Kossyguine, a conçu les principes de la réforme et le système a fonctionné, donnant des résultats palpables : le revenu national a augmenté de 42%! Mais les opposants à la réforme de marché ont fini par l'emporter. Le printemps de Prague de 1968, qui a effrayé le Politburo, a également joué son rôle. 

En 1973, l'OPEP a été créée et cette dernière a décidé d'augmenter les prix du pétrole quatre fois par an. L'Union soviétique a commencé à tirer des revenus du pétrole et le système soviétique a continué d'exister, des gisements de pétrole ayant été découverts en Sibérie occidentale en 1967-1968.

https://www.google.com/amp/s/fr.rbth.com/economie/83171-effondrement-economie-sovietique-causes/amp

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Il y a 12 heures, Tomás de Torquemada a dit :

Tu aurais fait quoi à sa place, dans la même situation,  mon champion?

J'aurais pas envahi un pays souverain, l'equivalent politique de tuer un president: ca ne resoud rien et cause davantage de problemes que ca n'en resoud, cait fait pas 100 jours que l'invasion a commence et c'est deja un desastre plus important que l'hypothetique introduction de l'ukraine dans l'OTAN, que Poutine s'est assure de rendre certaine et plus encore.

L'OTAN, c'est une vaste blague depuis la chute de l'URSS, je confierais meme pas la gestion du forum a une organisation sous finance par ses etats membres et dont la necessite etait remise en question chaque periode electorale. Les seules personnes en Europe qui parlaient serieusement d'une invasion russe imminente etait ridiculisees.

Poutine se servait de l'epouvantail de l'OTAN pour justifier son regime en sachant tres bien que l'OTAN se contrefout de comment Poutine gere son pays tant qu'il continue a envoyer ses ressources naturelles. Ce statut quo fonctionnait tres bien. 

Plus maintenant: l'OTAN est plus necessaire que jamais et des pays appliquent pour rejoindre pendant que les industries de l'armement tourne a plein regime et les armée europeenes recoivent une augmentation de budget. 

Et tout ca parce que Poutine a envahi l'Ukraine. 

Chais pas, peut etre que ca ne t'es jamais venu a l'idee que se tirer une balle dans le pied est une decision completement conne mais pour moi, c'est une evidence.

Une autre question stupide a me poser ? Tu le fais si bien. 

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Notre envoyé spécial a rencontré deux combattants nord-américains engagés du côté ukrainien.

«On a parcouru littéralement presque tout le Donbass. On a vu à quel point les positions russes avancent, malheureusement. »

Ce sont des cow-boys, lance Ajay. Il pense à certains de ses compagnons d’armes moins disciplinés que les soldats professionnels occidentaux. Il évoque des combattants parfois ivres ou drogués. Inconscients des risques.

«La nuit, par exemple, ils roulent comme des fous, les phares parfois allumés. Même chose pour leurs cellulaires : ils laissent l’écran allumé. C’est le genre de choses qu’il ne faut pas faire. Les Russes peuvent nous apercevoir.»

Les hommes ont un bon esprit de combat, fait remarquer Ajay. Mais ils ont besoin de meilleures tactiques. C’est pour ça qu’il y a beaucoup de victimes : ils ne sont pas assez entraînés.

Beaver va même jusqu’à dénoncer une des méthodes de combat qui seraient employées par les Ukrainiens : attaquer l’adversaire depuis des lieux où habitent encore des civils. Les ripostes russes en pleine ville entraînent un risque de pertes de civils.

Le Javelin est certainement le modèle d’arme antichar le plus popularisé dans ce conflit. Toutefois, d'après les deux hommes, il ne peut pas toujours être utilisé contre les tanks russes.

Pour le Javelin, ce qu’on a constaté, c’est qu’il n’y avait pas le CLU, le système informatique nécessaire à l’utilisation du Javelin, ce qui rendait le tir impossible, l’arme inutilisable, déplore Beaver.

Ajay a aussi remarqué que les piles qui alimentent les systèmes informatiques de ces armes sophistiquées sont souvent désuètes. Trop vieilles. Or, sans source d'énergie, cette arme ne sert à rien.

Il y aurait aussi les manuels d’utilisation écrits dans des langues incomprises en Ukraine, de l’équipement acheminé là où il ne peut pas servir. Ou trop près du front, donc vite détruit par l’artillerie russe.

Quant aux combattants formés à la hâte par les Occidentaux, Ajay croit qu’ils sont vite dépêchés au combat, où ils risquent de mourir avant d’avoir pu entraîner leurs compagnons.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1886971/donbass-perdu-avance-yanick-dumont-baron

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  • 2 semaines plus tard...

Depuis dix ans, et à la faveur du printemps arabe qui a redéfini les alliances dans la région, la Russie a fait son grand retour dans la géopolitique du Moyen-Orient: intervention militaire en Syrie, gestion des ambitions régionales de la Turquie, soutien éclairé de l'Iran, rapprochement avec Israël, statu quo en Libye, coopération pétrolière avec l'Arabie saoudite, ventes d'armes avec l'Égypte. La dernière explosion du prix du blé date de 2007-2008. Deux ans plus tard commençait le printemps arabe. Déjà, les services de renseignement européens alertent leurs gouvernements sur le risque induit par le triple choc qui vient (inflation des denrées alimentaires, du prix de l'essence et défaut vis-à-vis des créditeurs internationaux). Le Liban, dépendant à 80% du blé ukrainien, est au bord du chaos; le Soudan, la Tunisie, sont en proie à une sérieuse instabilité politique; la Libye est un pays en partition depuis dix ans; la Turquie s'enfonce dans la crise économique et l'Égypte de Sissi, le plus gros importateur de blé au monde, vient de signer un partenariat avec l'Inde pour s'approvisionner.

http://www.slate.fr/story/229002/tribune-guerre-ukraine-russie-changer-moyen-orient-arabie-saoudite-emirats-turquie-erdogan-petrole-etats-unis

 

Les Russes aiment consommer. Ils aiment consommer bien plus que les Européens, parce qu'ils n'ont pas eu beaucoup de chance de consommer du moins depuis une éternité. Limiter le choix de consommation ou les rêves de consommation est bien plus douloureux qu'en Europe. Les Occidentaux sous-estiment généralement à quel point la population russe est traumatisée par les étagères vides soviétiques. Ce n'est pas la "pauvreté" qui a porté atteinte à la légitimité soviétique. C'était les étagères vides. Tu as un peu d'argent, mais qu'est-ce que tu vas acheter ? Les Occidentaux comprennent généralement mal le contrat social de Poutine. Il ne s'agit pas de "donnez-moi votre liberté et je vous donnerai de l'argent". Pas du tout. Une grande partie de la population russe vivait dans des conditions épouvantables. Le contrat social de Poutine n'est pas que tout le monde ait quelque chose à manger. Il s'agit de la nourriture toujours disponible au supermarché et disponible en variété et en abondance, ce qui ne s'est jamais vraiment produit dans l'histoire russe auparavant, du moins depuis 1917.

https://mobile.twitter.com/kamilkazani/status/1533871187117412352

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La Russie fêtait le 350e anniversaire de Pierre le Grand, un tsar connu pour sa campagne en Suède au XVIIIe siècle et auquel Vladimir Poutine se compare. Poutine, qui est au pouvoir depuis 23 ans, a tenté à plusieurs reprises de justifier les actions de la Russie en Ukraine sur la base de l'histoire. Par exemple, il a précédemment indiqué que l'Ukraine n'a pas d'identité réelle ni de tradition de formation d'État. Pierre le Grand, un innovateur autocratique admiré par les Russes libéraux et conservateurs, a régné pendant 43 ans (1682-1725). Il fit construire Saint-Pétersbourg, la ville natale de Poutine, sur des terres qu'il avait conquises à la Suède, principalement des marais sur la côte de la mer Baltique. Le projet a coûté la vie à des dizaines de milliers de serfs, mais il a fourni à Peter la "fenêtre sur l'Europe" qu'il souhaitait. "Pierre le Grand a mené la Grande Guerre du Nord pendant 21 ans", a déclaré Poutine. "On aurait dit qu'il était en guerre avec la Suède et qu'il leur avait pris quelque chose. Il ne leur a rien pris. Il a repris ce qui appartenait à la Russie", a-t-il déclaré à Saint-Pétersbourg après avoir visité une exposition sur Pierre le Grand. Plus tard, à la télévision russe, il a comparé la guerre actuelle en Ukraine avec la campagne de Pierre le Grand en Suède. "Apparemment, c'est maintenant à nous de reprendre ce qui appartient à la Russie. Et si nous supposons que ces valeurs sont le fondement de notre existence, nous réussirons certainement dans nos objectifs."

En 1147, alors que Kyiv avait déjà 600 ans, le grand-duc de Kyiv, souverain de la Russie de Kiev, Yuriy Dolhoruky, a publié un décret fondant Moscou. Cette semaine, le gouvernement de Kyiv a annulé ce décret.

Le député lituanien  Matas Maldeikis a écrit : « Si la Russie révoque sa reconnaissance de 1991 de l'indépendance de la Lituanie, la Lituanie révoquera le traité de Polyanovka de 1634 et demandera à la Russie de restituer tous les territoires occupés au Grand-Duché de Lituanie. Smolensk, c'est la Lituanie !

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Il y a 3 heures, MaximePeloquinMaladeMental a dit :

Le plan de la russie c'était la patience. Ils vont survivre tout était déjà prévu. Ils vont gagner à l'usure.

"Victoire ! On a perdu 1 tiers de notre population, notre economie et en faillite et l'Europe investit massivement dans l'OTAN mais ca fait 20 ans qu'on est en pleine guerilla contre les Ukrainiens  ! Poutine number one"

 

 

  • HAHAHA! 2
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La Russie, La Chine, l'Inde et les producteurs de pétrole du moyen orient se préparent depuis dix ans en prévision de la "tempête" qui fonce sur ce monde comme un train à vapeur "emballé". Pendant la même période, l'occident s'est endetté jusqu'au cou. Qu'est ce que vous pouvez être naïfs...De croire que c'est eux qui vont morfler.

Le PARTY est fini les enfants. Il est temps de payer la note maintenant. (Et elle va être salée...La salope...)

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Il y a 4 heures, Oshino a dit :

La Russie, La Chine, l'Inde et les producteurs de pétrole du moyen orient se préparent depuis dix ans en prévision de la "tempête" qui fonce sur ce monde comme un train à vapeur "emballé". Pendant la même période, l'occident s'est endetté jusqu'au cou. Qu'est ce que vous pouvez être naïfs...De croire que c'est eux qui vont morfler.

Le PARTY est fini les enfants. Il est temps de payer la note maintenant. (Et elle va être salée...La salope...)

"Crois moi, bro, l'economie occidentale va s'effondrer demain, bro. Meme que je l'ai vu sur la chaine youtube d'un noname a 3000 followers, bro. Parce que la dette d'un pays, bah ca marche pareil qu'une dette de ménage, bro. Pas besoin d'etre economiste pour le savoir, bro. Bro, t'aurais pas un dollar ou deux pour une 8.6 ? J'ai tout claque en bitcoin"

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On reviendra au bon vieux temps où on troquait une paire de culottes pour une livre de porc. Il y en a trop de nos jours qui se complaisent dans les possessions matérielles et qui sont complètement vides à l'intérieur. Tout ce qu'ils font c'est se comparer et projeter sur les autres à cause de leur mal être intérieur. Des vrais malades mentaux.

  • Malaise. 1
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Il y a 2 heures, Oshino a dit :

Pour ceux qui ont la flemme de lire, voila les passages ou la Chine, l'inde et l'OPEP qui vont dechirer l'occident et le passage ou l'occident tout entier va payer la note. 

 

Nulle part. 

Grosso merdo, le mec dit que les sanctions economiques cobtre la Russie auront des repercussions negative sur l'eco americaine. En gros, l'argument contre les sanctions depuis le jour 1. 

 

Merci Oshino, de prendre la place de @BeauRouge a la tete des abrutis du forum. 

 

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Lors de son discours au Forum économique de Saint Pétersbourg, le président russe Vladimir Poutine a une nouvelle fois défendu l'« opération spéciale » en Ukraine.

La Russie n’a « rien contre » une éventuelle adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne, a assuré vendredi le président russe Vladimir Poutine après la décision de la Commission européenne de recommander d’accorder à Kiev le statut de candidat à l’UE. « L’UE n’est pas une alliance militaire, à la différence de l’Otan », a-t-il souligné, expliquant qu’« en ce qui concerne leur intégration économique, c’est leur choix ». Le président russe a toutefois affirmé que « l’Ukraine va se transformer en semi-colonie » des pays occidentaux si elle rejoint l’UE. « C’est mon opinion », a-t-il ajouté.

Héraut de la « souveraineté économique », promettant des productions nationales pour remplacer les importations occidentales et « ces technologies que nos partenaires de l'Ouest n'ont jamais voulu nous transférer », Vladimir Poutine a multiplié les piques. « Nous sommes un peuple fort et pouvons faire face à n'importe quel défi », a insisté le chef du Kremlin, accusant l'Occident d'arrogance coloniale. Il s'est moqué des Etats-Unis soupçonnés de se considérer en « émissaire de Dieu sur Terre ». Et il a ironisé sur la bureaucratie en Europe qui « a pris des sanctions la frappant elle-même » : selon lui, l'UE pourrait perdre 400 milliards de dollars (plus de 380 milliards d'euros) à cause des méfaits de leurs mesures contre Moscou.

http://en.kremlin.ru/events/president/transcripts/68669

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Selon les derniers chiffres, les ventes du roman 1984 ont progressé depuis février de 30% pour les librairies physiques et de 75% pour les ventes en ligne sur un an, et 1,8 million d'exemplaires en ont été vendus depuis le début du conflit.

Le roman d'Orwell réactive ici la tradition de la science-fiction soviétique qui permettait, en inventant des mondes dystopiques où l'idéal avait tourné au cauchemar, de critiquer indirectement l'URSS. Orwell s'inspire d'ailleurs largement du premier jalon de cette longue lignée, Nous autres (1920) d'Evgueni Zamiatine, qui lui aussi montrait une société sous la botte d'un État totalitaire.

Contrairement à son voisin biélorusse, la Russie n'a pas interdit la vente de 1984. Mais le régime cherche à tirer parti de cet engouement littéraire en montrant que l'ennemi ciblé par le roman n'est pas celui qu'on croit. Dès le mois de mars, Anatoli Wasserman, député du parti de Vladimir Poutine Russie unie, a ainsi déclaré que le roman d'Orwell ne faisait que décrire l'expérience de l'auteur à la BBC et contribuait donc à discréditer le prétendu modèle occidental, en réalité miné par le despotisme.

Plus récemment, Maria Zakharova, porte-parole du ministère des Affaires étrangères et en première ligne dans la communication de guerre du pouvoir, a elle aussi considéré lors d'une conférence de presse que le roman décrivait la manière dont le libéralisme conduirait le monde à sa perte, qualifiant de «fake» l'idée qu'il s'agissait d'une peinture de l'URSS.

La ficelle est grossière –autant que la connaissance que Zakharova démontre d'un roman qu'elle nomme «1982». Mais elle flatte une partie de l'opinion, toujours sensible à la thèse paranoïaque d'une conspiration contre la patrie. Dans le discours du pouvoir, Orwell rejoindrait ainsi un autre courant littéraire russe, celui du récent «liberpunk» qui imagine l'apocalypse du monde capitaliste et invite à entrer en lutte contre l'Occident décadent.

http://www.slate.fr/story/229679/1984-george-orwell-succes-russie-totalitarisme-big-brother-poutine-storytelling

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Lorsqu'il était président, Bill Clinton a commencé à parler des deux côtés de sa bouche. Aux Russes, il disait : Oui, nous allons adhérer à l'accord. À la communauté polonaise des États-Unis et aux autres minorités ethniques, il disait : ne vous inquiétez pas, nous vous intégrerons à l'OTAN. Vers 1996-1997, Clinton l'a dit assez explicitement à son ami le président russe Boris Eltsine, qu'il avait aidé à remporter les élections de 1996. Il a dit à Eltsine : N'insistez pas trop sur cette affaire de l'OTAN. On va s'étendre mais j'en ai besoin à cause du vote ethnique aux États-Unis.

En 1997, Clinton a invité les pays dits de Visegrad - Hongrie, Tchécoslovaquie, Roumanie - à rejoindre l'OTAN. Les Russes n'aimaient pas ça mais n'en faisaient pas grand cas. Puis les nations baltes se sont jointes, toujours la même chose.

En 2008, le second Bush, assez différent du premier, a invité la Géorgie et l'Ukraine dans l'OTAN. Tous les États-Unis diplomate comprenait très bien que la Géorgie et l'Ukraine étaient des lignes rouges pour la Russie. Ils toléreront l'expansion ailleurs, mais ceux-ci sont dans leur cœur géostratégique et ils ne toléreront pas l'expansion là-bas. Pour continuer l'histoire, le soulèvement de Maidan a eu lieu en 2014, expulsant le président pro-russe et l'Ukraine s'est déplacée vers l'Ouest.

Depuis 2014, les États-Unis et l'OTAN a commencé à déverser des armes en Ukraine - armes avancées, entraînement militaire, exercices militaires conjoints, mesures visant à intégrer l'Ukraine dans le commandement militaire de l'OTAN. Il n'y a pas de secret à ce sujet. C'était assez ouvert. Récemment, le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, s'en est vanté. Il a dit: C'est ce que nous faisons depuis 2014. Eh bien, bien sûr, c'est très consciemment, très provocateur. Ils savaient qu'ils empiétaient sur ce que tous les dirigeants russes considéraient comme une décision intolérable. La France et l'Allemagne y ont opposé leur veto en 2008, mais sous l'égide des États-Unis. pression, il a été maintenu à l'ordre du jour. Et l'OTAN, c'est-à-dire les États-Unis, a décidé d'accélérer l'intégration de facto de l'Ukraine dans le commandement militaire de l'OTAN.

En 2019, Volodymyr Zelensky a été élu à une écrasante majorité - je pense à environ 70 % des voix - sur une plate-forme de paix, un plan pour mettre en œuvre la paix avec l'Est de l'Ukraine et la Russie, pour régler le problème. Il a commencé à avancer et, en fait, a essayé d'aller dans le Donbass, la région orientale orientée vers la Russie, pour mettre en œuvre ce qu'on appelle l'accord de Minsk II. Cela aurait signifié une sorte de fédéralisation de l'Ukraine avec une certaine autonomie pour le Donbass, ce qu'ils voulaient. Quelque chose comme la Suisse ou la Belgique. Il a été bloqué par des milices de droite qui ont menacé de le tuer s'il persistait dans ses efforts.

Eh bien, c'est un homme courageux. Il aurait pu aller de l'avant s'il avait eu le moindre soutien des États-Unis. Les Etats Unis. refusé. Pas de soutien, rien, ce qui signifiait qu'il était laissé à sécher et qu'il devait reculer. Les Etats Unis. était attaché à cette politique d'intégration progressive de l'Ukraine dans le commandement militaire de l'OTAN. Cela s'est encore accéléré lorsque le président Biden a été élu. En septembre 2021, vous pouviez le lire sur le site de la Maison Blanche. Cela n'a pas été signalé mais, bien sûr, les Russes le savaient. Biden a annoncé un programme, une déclaration commune pour accélérer le processus d'entraînement militaire, des exercices militaires, plus d'armes dans le cadre de ce que son administration a appelé un "programme renforcé" de préparation à l'adhésion à l'OTAN.

Elle s'est encore accélérée en novembre. C'était avant l'invasion. Le secrétaire d'État Antony Blinken a signé ce qu'on a appelé une charte, qui a essentiellement officialisé et étendu cet arrangement. Un porte-parole du Département d'État a reconnu qu'avant l'invasion, les États-Unis a refusé de discuter de tout problème de sécurité russe. Donc, criminalité et stupidité du côté du Kremlin, provocation sévère du côté américain.

La Russie s'est révélée être un tigre de papier qui ne peut pas conquérir des villes à quelques kilomètres de sa frontière défendue par une armée majoritairement citoyenne, donc, ils sont complètement incompétents militairement. En même temps la Suède et la Finlande veulent joindre l'OTAN, car la Russie est peut être sur le point de conquérir l'Occident et de nous détruire.

George Orwell avait un nom pour ça. Il l'a appelé double pensée, la capacité d'avoir deux idées contradictoires dans votre esprit et de croire les deux. Orwell pensait à tort que c'était quelque chose que l'on ne pouvait avoir que dans l'État ultra-totalitaire dont il faisait la satire en 1984. Il avait tort. Vous pouvez l'avoir dans les sociétés démocratiques libres. Nous en voyons un exemple dramatique en ce moment. 

https://chomsky.info/20220616/

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  • 2 semaines plus tard...

Faisant écho à la guerre en Ukraine, l’ex-agent du KGB Sergueï Jirnov publie L’engrenage, un ouvrage effarant sur les arcanes politiques du Kremlin tenu d’une main de fer par Vladimir Poutine, que l’auteur a rencontré à plusieurs reprises.

Aujourd’hui réfugié en France, Jirnov n’est pas n’importe qui. Cet ex-officier supérieur et espion du KGB est un ancien camarade de promotion du tsar de Moscou, même si tous les deux ne se connaissaient pas à l’époque. Ils vont se croiser une première fois au moment où Poutine n’est qu’un « petit fonctionnaire zélé » en août 1980 durant les Jeux olympiques de Moscou, se remémore l’auteur. « J’avais 19 ans, confie-t-il au téléphone. J’ai été convoqué au bureau du KGB après une conversation téléphonique avec un touriste français qui a paru trop longue et suspecte aux autorités. ». L’interrogatoireera mené par « l’opportuniste » Vladimir Poutine. L’étudiant Jirnov découvre alors un personnage de l’ombre, mais ambitieux, qui avait fait le déplacement de Leningrad jusqu’à la capitale dans l’espoir de monter les échelons du pouvoir de l’appareil central du KGB.

« En m’interrogeant pour éventuellement m’arrêter et m’envoyer tout droit en prison, il espérait sans doute faire un bon coup, surtout quand il a appris que je possédais un exemplaire de L’archipel du goulag de Soljenitsyne. Malheureusement pour lui, ça n’a pas fonctionné puisque l’exemplaire en question m’avait été prêté par un ami de l’université, nul autre que le petit-fils de Leonid Brejnev, le secrétaire général du Parti communiste soviétique. »

L’événement fera en sorte de ralentir l’ascension de Poutine, qui sera considéré plus tard comme « inapte » au sein du service d’espionnage, tandis que Jirnov va rapidement intégrer la direction « S » de l’Institut Andropov, une section prestigieuse pour la formation des espions.

 

« Ils se sont rendu compte au bout d’un an qu’il ne convenait pas du tout à la fonction, puisqu’il était incapable de prévoir la dangerosité des conséquences de ses actions. Il a donc été renvoyé à Leningrad ronger son os en province », raconte Jirnov.

Pour l’auteur, même en accédant aux plus hautes fonctions de l’État russe, Poutine n’a jamais vraiment changé et il possède les mêmes failles, n’hésitant pas aujourd’hui à menacer le monde entier avec l’usage de l’arme nucléaire. « On voit bien que le KGB ne s’est pas trompé sur ses capacités, lance-t-il. En plus de mal juger son armée, il s’est trompé sur le peuple ukrainien, sur le président Zelensky, sur l’Europe, sur l’OTAN et sur la réaction de la communauté internationale. Mais cet homme possède maintenant le pouvoir de détruire l’humanité, et c’est ce qui est vraiment effrayant. »

Le président russe a fait de son pays une sorte de « village Potemkine », dans laquelle les institutions ne sont que des coquilles vides, il terrorise son entourage, et ceux qui osent lui tenir tête disparaissent.

Poutine n’a pas construit sa conquête du pouvoir. Il y a été projeté par des gens qui comptaient sur lui. Il a su être au bon endroit au bon moment. Poutine a raté sa carrière au sein du KGB. Il voulait être espion à l’étranger, et ça n’a pas fonctionné. C’était un fonctionnaire utile et efficace, mais il n’a aucune envergure. Il a eu de la chance, c’est tout. Mais il a été habile dans l’organisation du pouvoir. Il sait s’entourer des gens qui lui sont redevables et se bouffent le nez pour conquérir ses faveurs. Il est médiocre, mais en même temps, c’est un génie de machiavélisme, un génie de complotisme, un génie dans la privatisation du pouvoir.

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C'est le 350e anniversaire de Pierre le Grand, le fondateur de cette ville qui a changé le cours de l’histoire de la Russie, transformant le pays en un empire dont il est devenu l’empereur.

Pierre imposait la modernisation avec une force impitoyable, en introduisant des manières et des institutions européennes à un pays réticent. On lui attribue le mérite d’avoir ouvert la Russie à l’Europe sur le plan économique, scientifique, technologique et culturel. 

Même Staline, l’apôtre de l’autarcie, fit venir des milliers d’ingénieurs occidentaux pour renforcer l’ossature de l’économie soviétique. Gorbatchev et Eltsine montraient un enthousiasme passionné pour tout ce qui est occidental (l’absorption massive d’américanismes dans la langue russe durant leurs mandats mériterait un traitement à part). Cette relation avec l’Occident a pris fin brutalement lorsque les chars russes ont pénétré l’Ukraine en février 2022.

Les chercheurs et les médias russes remettent en question l’héritage de Pierre le Grand. Les opposants russes de l’occidentalisation, très articulés depuis trois siècles, semblent plus influents aujourd’hui. Ils appellent à une réorientation vers l’Asie, dynamique et industrieuse, vers un nouveau monde dans lequel « l’Occident collectif » qui dominait le monde serait remis à sa place.

Un article récent paru dans la prestigieuse revue moscovite Russia in Global Affairs était intitulé La première grande guerre du XXIe siècle. Le mot « guerre » était autrefois officiellement proscrit au profit d’« opération militaire spéciale ». Mais l’article mérite l’attention et pas seulement en raison de son titre « audacieux ».

 

L’auteur, Vassili Kachine, de l’École supérieure d’économie, fait valoir que ce conflit se distingue de tous les conflits militaires depuis la Seconde Guerre mondiale en ce qu’il n’y a pas d’avantage prépondérant d’un côté, comme dans l’invasion américaine de l’Irak. Il souligne le nombre excessif d’unités aéroportées par rapport aux forces terrestres « lourdes » et affirme que ce déséquilibre compromet l’efficacité des opérations en Ukraine. Des mots encore plus durs sont réservés à « la marine hypertrophiée, coûteuse et vétuste », dont le concept (et un bon nombre de navires) a été hérité de l’Union soviétique. L’armée de l’air n’en sort pas non plus indemne. Elle est jugée inadéquate pour exécuter des opérations comme les bombardements américains sur l’Irak en 1991 ou la Yougoslavie en 1999, car elle constitue seulement 15 % de l’aviation américaine déployée sur ces deux théâtres.

Des critiques similaires sont adressées au manque de drones et d’équipements de communication, ainsi qu’aux problèmes de collecte de renseignements qui empêchent l’utilisation efficace d’une artillerie pourtant supérieure. Les trousses médicales personnelles des soldats russes sont simplement qualifiées de « misérables ». Implicitement, la critique ne s’adresse pas tant aux militaires du pays qu’à l’échelon politique qui a fixé les objectifs de l’opération au mépris de l’état réel des forces armées. 

Ce type d’analyse franche s’accompagne du ralliement d’élites par ailleurs pro-occidentales derrière le Kremlin. L’une des raisons pour lesquelles l’opération militaire russe a été préparée dans un tel secret serait la résistance à laquelle on s’attendait de la part des milieux d’affaires et intellectuels russes, largement mondialisés.

Dmitri Trenin, directeur du Centre Carnegie à Moscou avant que le gouvernement russe ne le ferme en avril était un pro-occidental réputé. Il a écrit en mai que « l’existence même de la Russie est en danger ». Plus récemment, dans une entrevue au New York Times, il définit « un succès stratégique en Ukraine » comme l’objectif le plus important de son pays. Il plaide pour une réorientation du pays vers une économie plus efficace et une plus grande justice sociale.

 

Le directeur du célèbre musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg, Mikhaïl Piotrovski, en affirmant que « nous sommes indissolublement liés à l’Europe », rappelle que d’autres pays européens ont mené de nombreuses guerres à travers l’histoire. Comme bon nombre d’intellectuels russes, il appelle à resserrer les rangs et à poursuivre un travail calme et normal alors que le pays entre dans une nouvelle ère.

C’est le blocus économique, scientifique et technologique de la Russie qui crée un sentiment patriotique, même parmi ceux qui n’auraient pas approuvé a priori le déploiement de troupes en Ukraine.

 

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C’est la publication de son quelque 50e essai, Poutine, l’Ukraine, les faces cachées, qui a été le prétexte à notre discussion. Un livre publié à la hâte par l’homme de père ukrainien et de mère russe qui, après avoir été conseiller de Mikhaïl Gorbatchev,  à la tête d’un parti de l’opposition dans la Russie postcommuniste, s’est refait une vie d’écrivain en France.

Citation

 

En Russie, Poutine s’est construit une base tentaculaire grâce à l’ancienne garde communiste, aux croyants orthodoxes, aux services de renseignement et au cercle d’oligarques qui lui restent fidèles. C’est sans parler des millions de Russes qui sont sortis de la pauvreté après son arrivée au pouvoir.

Selon Vladimir Fédorovski, si Poutine disparaissait du jour au lendemain, on n’assisterait pas à l’émergence d’un mouvement démocratique pro-occidental en Russie, mais plutôt au renforcement des tendances néostaliniennes déjà à l'œuvre.

En Russie, Poutine s’est construit une base tentaculaire grâce à l’ancienne garde communiste, aux croyants orthodoxes, aux services de renseignement et au cercle d’oligarques qui lui restent fidèles. C’est sans parler des millions de Russes qui sont sortis de la pauvreté après son arrivée au pouvoir.

 

Selon Vladimir Fédorovski, si Poutine disparaissait du jour au lendemain, on n’assisterait pas à l’émergence d’un mouvement démocratique pro-occidental en Russie, mais plutôt au renforcement des tendances néostaliniennes déjà à l'œuvre.

 

« La Russie est une civilisation avec une grande culture, mais les Russes ont le sentiment qu’on les a méprisés. Poutine n’est qu’un phénomène engendré par cette perception », prévient-il. Une perception que Poutine a certes nourrie à coups de propagande, mais dont il n’est pas le créateur. Et qui ne s’éclipsera pas avec lui.

Pour éviter une rupture complète entre la Russie et l’Occident, il faut négocier une entente le plus rapidement possible avec le Kremlin, croit l’ancien conseiller de Gorbatchev. Une entente qui pourrait comprendre un statut neutre pour l’Ukraine, ainsi que l’indépendance de la Crimée et du Donbass. 

Vladimir Fédorovski convient que le remède qu’il prescrit n’est pas digeste, mais il croit qu’il est moins destructeur que toutes les autres options : une victoire russe en Ukraine, une guerre sans fin ou l’utilisation d’une arme nucléaire tactique russe en cas de victoire militaire ukrainienne. 

https://www.lapresse.ca/international/chroniques/2022-07-16/poutine-n-est-pas-un-dingo.php

Poutine n'est pas le plus radical: depuis 2014, les tendances ultra-nationalistes et néostaliniennes en Russie ont déploré qu'il ne prenne pas le Donbass plus tôt et ne frappe pas l'armée ukrainienne dès 2014. Beaucoup jugent, notamment parmi les militaires qui l'influencent de plus en plus, qu'il n'a pas agi assez tôt et lui reprochent in petto d'avoir laissé partir l'Ukraine du giron russe. Il est vrai qu'en 2014, non seulement l'armée russe pouvait prendre Kiev plus facilement, mais les troupes russes auraient alors été bien "mieux" accueillies dans le sud par les Ukrainiens russophones que des années plus tard après avoir été "travaillées" par la propagande de l'Eldorado occidental.

La question ukrainienne est d'autant plus délicate pour Poutine "qu'il y joue en fait son avenir politique : les militaires lui reprochent de ne pas avoir pris le Donbass plus tôt. Depuis 2014, le temps et les mentalités qui évoluent vite avec les médias et les réseaux sociaux ont joué contre Poutine et la Russie. La population ukrainienne a vite changé, y compris en région russophone, et Poutine et son entourage ont sous-estimé la capacité des Occidentaux et des nationalistes ukrainiens de l'Ouest à faire gagner à leur cause les cœurs de nombreux russophones ukrainiens devenus anti-Kremlin. L'exemple de la ville russophone industrielle et ex-soviétique symbolique de Kharkov illustre, par sa surprenante résistance, ce phénomène".  

Le but des Américains était-il en fin de compte de renverser Vladimir Poutine par le piège de l'extension de l'OTAN destiné à pousser le Kremlin à l'erreur en Ukraine dans la perspective d'un enlisement provoquant une déstabilisation du pouvoir à Moscou? 

Une nette "évolution du public russe dans sa perception de l'Occident, fortement dégradée depuis des années, alors que le peuple russe rêvait d'Occident et d'Europe au sortir de la guerre froide dans les années 1990". Pour lui, cette "rupture entre population russe et l'Occident est non seulement majeure et regrettable en plus d'avoir été voulue par l'Occident qui n'a rien fait pour l'éviter, mais elle risque d'être définitive". Cette cassure majeure aux conséquences encore inconnues serait en grande partie dû au fait qu'après la chute du mur de Berlin, les Occidentaux ont prétendu avoir 'gagné' la Guerre froide. Cette analyse erronée fut perçue comme une humiliation par les Russes et leurs dirigeants successifs qui ont rongé leurs freins avant que l'ours Poutine ne tape sur la table après 20 ans de patience. Entendre ces manifestations d'arrogance et de mépris envers la Russie fut un traumatisme pour le peuple russe et le Kremlin, car la Russie s'est libérée elle-même du soviétisme. Cette analyse erronée de la soi-disant 'victoire américano-occidentale" sur l'URSS a gâché une chance extraordinaire de réaliser une paix durable pour tout le monde et en particulier pour le Vieux Continent". Notre diplomate déplore que les Etats-Unis ont préféré à une logique de respect mutuel et de prise en considération des préoccupations stratégiques russes, une logique de néo-guerre froide et d'encerclement

Quant aux sanctions occidentales, il estime qu'elles "sont en partie une illusion, car même si la population russe perd la moitié de son pouvoir d'achat à cause de ces sanctions, cela restera un niveau de vie dix fois supérieur à celui d'avant l'arrivée de Poutine au pouvoir, et les Russes sont très résiliants. Toutefois, ce qui pourrait plus changer la donne, par rapport aux 70 % de Russes favorables à l'action de Poutine, serait le nombre de morts russes en Ukraine, dont on finira par connaître le nombre". 

Je ne crois pas plausible une revolution de palais, et les néostaliniens qui empêcheront tout scénario de regime change à l'occidentale optent au contraire en faveur de la continuité de l'action récente du Poutine devenu anti-occidental, à savoir la création de deux blocs opposés comme sous la guerre froide, un Occident mondialisé-islamisé, et, de l'autre, un bloc sino-russe nationaliste anti-Occident. (...). Cette évolution-involution est comparable à celle de Pierre le Grand, mais en sens inverse, non plus une occidentalisation de la Russie mais son asiatisation-désoccidentalisation".

https://atlantico.fr/article/rdv/vladimir-fedorovski-pour-les-russes-c-est-la-russie-toute-seule-qui-s-est-liberee-du-sovietisme-et-pas-l-occident-qui-a-gagne-la-guerre-froide-guerre-en-ukraine-alexandre-del-valle

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