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Les écrivains qui écrivent le mieux


Déchet(s) recommandé(s)

Ces auteurs qui méritent d'être lus ne serait-ce que pour leur écriture, qui est déjà une grande chose en soit, et surtout pour le bien d'un roman ou d'une nouvelle. Oublions pour le moment les poèmes en vers et concentrons-nous plutôt sur les écrits en prose, les romans, etc. Qui mérite d'être nommé dans un tel sujet ? Pour participer il faut évidemment prouver son point en l'appuyant d'un ou plusieurs extraits.

J'ai pensé au sujet alors que je lisais le revers d'un roman dans une librairie. Cet extrait à lui seul a su me convaincre.

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"Solennels parmi les couples sans amour, ils dansaient, d'eux seuls préoccupés, goûtaient l'un à l'autre, soigneux, profonds, perdus. Béate d'être tenue et guidée, elle ignorait le monde, écoutait le bonheur dans ses veines, parfois s'admirant dans les hautes glaces des murs, élégante, émouvante exceptionnelle femme aimée parfois reculant la tête pour mieux le voir qui lui murmurait des merveilles point toujours comprises, car elle le regardait trop, mais toujours de toute son âme approuvées, qui lui murmurait qu'ils étaient amoureux, et elle avait alors un impalpable rire tremblé, voilà, oui, c'était cela, amoureux, et il lui murmurait qu'il se mourait de baiser et bénir les longs cils recourbés, mais non pas ici, plus tard, lorsqu'ils seraient seuls, et alors elle murmurait qu'ils avaient toute la vie, et soudain elle avait peur de lui avoir déplu, trop sûre d'elle, mais non, ô bonheur, il lui souriait et contre lui la gardait et murmurait que tous les soirs, oui, tous les soirs ils se verraient. "

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La femme, au contraire, se fait une idée positive du bonheur. C’est que, si l’homme est plus agité, la femme est plus vivante. Ah ! ce n’est pas elle qui demandera, comme le jeune homme de tout à l’heure : « Qu’est-ce que vous entendez par vivre ? » Elle n’a pas besoin d’explications. Vivre pour elle, c’est sentir. Toutes les femmes préfèrent se consumer en brulant, à être éteintes ; toutes les femmes préfèrent être dévorées, à être dédaignées. Et dans ce « sentir » quelle mobilité, quelle ampleur des réactions !

Quand on voit qu’une femme, si l’homme qu’elle aime semble l’aimer moins – ne fût-ce qu’un peu moins – souffre autant que s’il ne l’aimait pas du tout ; quand on voit qu’ensuite, si elle reconnait qu’il l’aime autant, non seulement elle en éprouve une joie merveilleuse, mais elle ajoute à sa joie cette nouvelle joie, de se faire pardonner de l’avoir soupçonné, quand on voit cela, et qu’on voit en regard la lourdeur des hommes, on donne un sens au mot vivant.

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j'en parlais justement avec ma copine la semaine dernière, de ce qui pouvait définir "bien écrire".

dans la conversation, elle opposait ses romans d'aventures tels que le Trône de fer et Le Seigneur des anneaux, dont elle est friande, aux grands romanciers de la littérature classique; prétendant que ses romans faisaient le poids avec les Edgar Allan Poe de ce monde.

du coup, je trouvais ça extrêmement risible mais à bien y penser, c'est vrai que le concept est infiniment subjectif.

je crois que bien écrire, c'est avant tout la capacité d'articuler une idée, un état de fait qui n'est pas nécessairement original, de façon à captiver le lecteur. c'est pas nécessairement relié à des grandes formules lyriques teintées de ô, de ah et de mots sophistiqués.

pour moi, une personne qui écrit bien, c'est une personne qui réussit à décrire, genre, des emplettes à l'épicerie ou une promenade dans un parc de façon captivante et stylisée. être captivant implique de pouvoir impreigner les mots d'images ou d'idées claires dans la tête du lecteur pour lui soutirer des émotions -positives comme négatives-.

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Cette soif d’un charme inconnu, la petite phrase l’éveillait en lui, mais ne lui apportait rien de précis pour l’assouvir.

De sorte que ces parties de l’âme de Swann où la petite phrase avait effacé le souci des intérêts matériels, les considérations humaines et valables pour tous, elle les avait laissées vacantes et en blanc, et il était libre d’y inscrire le nom d’Odette.

Puis à ce que l’affection d’Odette pouvait avoir d’un peu court et décevant, la petite phrase venait ajouter, amalgamer son essence mystérieuse.

À voir le visage de Swann pendant qu’il écoutait la phrase, on aurait dit qu’il était en train d’absorber un anesthésique qui donnait plus d’amplitude à sa respiration.

Et le plaisir que lui donnait la musique et qui allait bientôt créer chez lui un véritable besoin, ressemblait en effet, à ces moments-là, au plaisir qu’il aurait eu à expérimenter des parfums, à entrer en contact avec un monde pour lequel nous ne sommes pas faits, qui nous semble sans forme parce que nos yeux ne le perçoivent pas, sans signification parce qu’il échappe à notre intelligence, que nous n’atteignons que par un seul sens.

Grand repos, mystérieuse rénovation pour Swann — pour lui dont les yeux, quoique délicats amateurs de peinture, dont l’esprit, quoique fin observateur de mœurs portaient à jamais la trace indélébile de la sécheresse de sa vie — de se sentir transformé en une créature étrangère à l’humanité, aveugle, dépourvue de facultés logiques, presque une fantastique licorne, une créature chimérique ne percevant le monde que par l’ouïe.

Et comme dans la petite phrase il cherchait cependant un sens où son intelligence ne pouvait descendre, quelle étrange ivresse il avait à dépouiller son âme la plus intérieure de tous les secours du raisonnement et à la faire passer seule dans le couloir, dans le filtre obscur du son.

Il commençait à se rendre compte de tout ce qu’il y avait de douloureux, peut-être même de secrètement inapaisé au fond de la douceur de cette phrase, mais il ne pouvait pas en souffrir. Qu’importait qu’elle lui dît que l’amour est fragile, le sien était si fort !

Il jouait avec la tristesse qu’elle répandait, il la sentait passer sur lui, mais comme une caresse qui rendait plus profond et plus doux le sentiment qu’il avait de son bonheur.

Il la faisait rejouer dix fois, vingt fois à Odette, exigeant qu’en même temps elle ne cessât pas de l’embrasser.

Chaque baiser appelle un autre baiser.

http://fr.wikisource..._Swann/Partie_2

Modifié par Nouveau Projet
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j'en parlais justement avec ma copine la semaine dernière, de ce qui pouvait définir "bien écrire".

dans la conversation, elle opposait ses romans d'aventures tels que le Trône de fer et Le Seigneur des anneaux, dont elle est friande, aux grands romanciers de la littérature classique; prétendant que ses romans faisaient le poids avec les Edgar Allan Poe de ce monde.

du coup, je trouvais ça extrêmement risible mais à bien y penser, c'est vrai que le concept est infiniment subjectif.

je crois que bien écrire, c'est avant tout la capacité d'articuler une idée, un état de fait qui n'est pas nécessairement original, de façon à captiver le lecteur. c'est pas nécessairement relié à des grandes formules lyriques teintées de ô, de ah et de mots sophistiqués.

pour moi, une personne qui écrit bien, c'est une personne qui réussit à décrire, genre, des emplettes à l'épicerie ou une promenade dans un parc de façon captivante et stylisée. être captivant implique de pouvoir impreigner les mots d'images ou d'idées claires dans la tête du lecteur pour lui soutirer des émotions -positives comme négatives-.

Exactement.

La prose, c'est beaucoup plus anarchique comme forme d'écriture. Il s'agit, pour moi, de mettre des mots sur des émotions que j'ai vécu pendant des événements ordinaires comme tu cites en exemple une promenade dans un parc ou pendant notre épicerie. Ça m'aide énormément à achever mes réflexions sur plusieurs choses.

J'crois que la prose est un style qui impose l'introspection et j'apprécie ça. Mon auteur préféré est Albert Camus et bien qu'il soit communément « lourd » (personnellement, je le trouve plutôt gris, mais bon), il n'intellectualise pas tout ce qu'il écrit. N'importe qui peut apprécier ce qu'il écrit, c'est épuré et simple.

Modifié par John V. Kidding
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Proust écrit bien, c'est dur de le nier, mais c'est trop "travaillé" à mon goût.

Il faut dire qu'un Amour de Swann est particulier, c'est comme un roman dans un roman; en réalité c'est un extrait du Côté de chez Swann, qui est beaucoup plus pesant. J'ai lu les deux premiers romans de la Recherche avant de décrocher.

Et toi?

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J'ai lu du Côté de chez Swann au complet et j'ai abandonné À l'ombre des jeunes filles en fleurs en cours de route. Je n'ai pas encore abandonné l'idée de lire à À la recherche du temps perdu au complet cela dit.

Ce que j'aime chez Proust c'est cette manière toute particulière de décrire un sentiment de la façon la plus ingénieuse et précise possible. Dans mon livre à moi c'est à la fois plus grande force et à la fois plus grande faiblesse. Sur quelques centaines de pages c'est un style amusant à lire, mais sur plusieurs milliers de page ça risque de devenir lassant devoir relire plusieurs fois une même longue phrase pour comprendre de quoi. C'est en lisant la préface de Fahrenheit 451 dans laquelle Ray Bradbury vante les mérites de ce livre écrit au 'je' que je me suis intéressé à cet auteur pédant.

Modifié par Nouveau Projet
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Je suis entrain de lire Les liaisons dangereuses de Laclos. Je n'ai pas lu énormément de livres dans ma vie ce qui réduit mon bassin "d'auteurs qui écrivent bien", mais je croyais ce livre digne de mention. Les informations sont imagées et coulent assez bien.

Non, sans doute, elle n'a point comme nos femmes coquettes, ce regard menteur qui séduit quelquefois et nous trompe toujours. Elle ne sait pas couvrir le vide d'une phrase par un sourire étudié; et quoiqu'elle ait les plus belles dents du monde, elle ne rit que de ce qui l'amuse. Mais il faut voir comme, dans les folâtres jeux, elle offre l'image d'une gaieté naïve et franche! [...] Il faut voir, surtout au moindre mot d'éloge ou de cajolerie, se peindre, sur sa figure céleste, ce touchant embarras d'une modestie qui n'est point jouée.

Liaisons-dangereuses.jpg

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  • 1 mois plus tard...

J'ai lu du Côté de chez Swann au complet et j'ai abandonné À l'ombre des jeunes filles en fleurs en cours de route. Je n'ai pas encore abandonné l'idée de lire à À la recherche du temps perdu au complet cela dit.

Ce que j'aime chez Proust c'est cette manière toute particulière de décrire un sentiment de la façon la plus ingénieuse et précise possible. Dans mon livre à moi c'est à la fois plus grande force et à la fois plus grande faiblesse. Sur quelques centaines de pages c'est un style amusant à lire, mais sur plusieurs milliers de page ça risque de devenir lassant devoir relire plusieurs fois une même longue phrase pour comprendre de quoi. C'est en lisant la préface de Fahrenheit 451 dans laquelle Ray Bradbury vante les mérites de ce livre écrit au 'je' que je me suis intéressé à cet auteur pédant.

Je suis en train de lire le premier tome, j'ai la moitié de lue. Je partage ton avis. J'aime beaucoup lorsqu'il décrit ses sentiments en lien avec son anxiété face à sa mère lorsqu'il attend qu'elle vienne l'embrasser et qu'elle ne vient pas. Mais c'est plutôt lourd, donc je dois en lire peu à la fois, sinon je développe des troubles de concentration et je dois relire plusieurs fois le même passage ;). J'aimerais être capable de lire ça "fluidement" mais je vois que même pour des habitués de grande littérature, c'est ardu alors je ne me mettrai pas trop de pression.

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