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La question de la collusion de l'art et du foie gras


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Ce qui m'énerve vraiment dans le message de départ, c'est le fait que la conception ''traditionelle'' de l'artiste dont il est fait mention n'en soit pas vraiment une. L'artiste comme rebelle et tout le tra la la, c'est surtout une conception romantique de l'artiste. Et ce qui est absurde, c'est qu'elle exclut des artistes sous l'égide d'institutions bien plus rigides que celles qui régissent l'art aujourd'hui(la noblesse, le clergé) mais qui ont aussi poussé très loin leur art, et ce en suivant(plus que moins) des règles: J.S.Bach, Mozart, Monteverdi, entre autres, n'ont jamais pensé à leurs oeuvres en des termes de ''contradiction sociale''. Ils composaient avant tout pour leurs patrons ou pour le public. Monteverdi répondait souvent aux détracteurs des innovations qu'il avait introduites dans ses oeuvres que celles-ci n'avaient pas déplu à son patron; Mozart refusait de composer si on ne lui assurait pas qu'il serait joué en concert; une grande portion de l'oeuvre de J.S.Bach s'inscrit dans un contexte liturgique, et le reste est destiné à des nobles(les concertos brandbourgeois, les variations goldberg, etc.) ou à de la pédagogie(quelques pièces composées pour ses enfants, l'art de la fugue et les claviers B-T). Tout ceci montre que l'incompatibilité entre art et dépendance économique, d'une part; entre art et institutionalisation, d'autre part, est nulle et non avenue si on y réfléchit bien, à moins de rejeter tout ce qui est venu avant le 19ième siècle. Je peux donner un exemple de ce qui serait à rejeter en dehors de la musique classique si on veut: Michel-Ange.

Maintenant on peut dire que tous ces gens n'étaient pas vraiment des artistes, mais des artisans. Ou on peut dire que l'artiste est fondamentalement un artisan. Je choisis la deuxième option, parce qu'elle couvre un champs bien plus large de ce qu'on dénote par artiste dans le language ordinaire. La vision romantique de l'artiste y est inclue(un artiste peut bien penser qu'il est intéressant de créer des trucs en marge des conventions, quelque chose d'original). Pour moi, l'important est qu'un artisan ne fait pas que produire quelque chose, il doit aussi y réfléchir: comment mieux y travailler, comment l'embellir? Il tente de comprendre ce qu'il fait, il ne fait pas des choses à la chaine. Cela peut impliquer de stigmatiser l'industrie musicale, mais je n'ai pas de problème avec ça(tant que ça n'a pas d'implication politique en termes de restrictions qu'on devrait imposer à l'industrie, et l'industrie quant à elle apprendra à vivre avec les nouvelles réalités du web ou elle s'effondrera(c'est pas moi qui va en pleurer)).

Sinon(réflexion débile d'outsider à prendre à la légère, je pige dans ce que j'ai lu et entendu sur le sujet et puis je fais du collage) je crois que si les jeunes musiciens dont parle Kal ne sont pas bien payés, c'est peut-être aussi parce que la musique classique est sclérosée par la déification d'un ''répertoire''(notion romantique concomitante de l'artiste contradicteur de normes, s'il en est) que l'interprète doit absolument maitriser. Les grands orchestres jouent ce répertoire constamment, le public y est accoutumé et en réclame, les interprètes doivent se l'approprier pour être admis dans les grands orchestres, les institutions académiques doivent donner cette formation si elles veulent des étudiants, et le cercle vicieux se poursuit. Tout cela induit un clash entre interprètes et compositeurs qui empêche ces derniers de percer et de se faire véritablement connaitre. Je pense que c'est pour ça aussi que certains compositeurs(hihi) doivent se faire aussi chefs d'orchestre, ce qui est totalement débile(j'aime vraiment ce mot) du point de vue de la division du travail(chacun son avantage comparatif). Je ne suis pas en train de dire que la notion de répertoire est à jeter(au rancart, les idéologies ringardes à papi!), ça en prend certainement pour développer la technique(quand ce n'est que ça...). Les musiciens ont aussi cette impression de contribuer à quelque chose de plus grand qu'eux(de manière posthume?). Il y a peut-être ça de bon.

J'aime beaucoup tes deux premiers paragraphes, c'est tout à fait ce que j'aurais dit si je savais m'exprimer.

Concernant l'argent, il y a plusieurs problèmes en plus de l'attachement au vieux répertoire, comme le téléchargement, la saturation du marché, le large accès à des moyens de composition facile. Beaucoup d'amateurs et/ou de débutants vendent leurs morceaux pour des sommes rmodiques, acceptent des conditions choquantes concernant les droits d'auteurs, etc. Ils tirent toute une profession par le bas, sans même se rendre compte qu'ils se font arnaquer. Alors les jeunes sérieux désertent les sociétés commerciales pour participer à des projets plus valorisants puisque, quoi qu'il arrive, ils seront mal payés. Tant qu'à bouffer du pain sec, autant faire la musique d'un film au budget trop serré, participer à de petits festivals, etc. plutôt que de créer des boucles pour un site web qui nous exploite.

Pour ce qui est de la priorité à la vieille musique, les premiers à blâmer sont les musiciens du vingtième qui n'ont pas su attirer les auditeurs. On ne peut pas en vouloir au public de préférer le beau à l'expérimental. Et le fossé dont tu parles concernant les intreprètes et compositeurs, l'académie aide à le creuser. On apprend la musique ancienne aux interprètes tandis qu'on demande aux compositeurs de suivre leurs propres sets de règles. Les travaux de Bach, Mozart & co servent d'exercices dans des cours techniques, personne ne les mentionne dans les leçons de composition pure, avant Schoenberg rien n'existe, c'est une véritable honte (qui explique aussi la baisse de niveau général, selon moi).

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Je crois qu'on utilise aujourd'hui le mot "artiste" à deux escients.

Le premier est, ou était en fonction qu'une personne qui se voit exceptionnellement créatrice, s'acquiert du titre d'artiste, autant pour sa vigueur d'âme que pour ses performances.

Ensuite, on dirait qu'une branche s'est ajouté pour qualifier les performeurs au même titre. Un peu comme un métier en soit. Ce qui d'après moi est mélangeant, et abîme un peu la teneur du mot qu'est "artiste".

Mais bon... 95% de la population holywoodienne est artiste, il faut vivre avec.

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