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Tbilissi en direct


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Environ vingt mille personnes ont participé dimanche à une « marche pour l’Europe » dans la capitale géorgienne Tbilissi, réclamant à nouveau le retrait d’un projet de loi sur « l’influence étrangère » jugé liberticide et dont l’UE a averti qu’il mettait en péril l’adhésion du pays.

Après minuit, des centaines de policiers antiémeute ont été déployés dans ce secteur de la ville, le ministère de l’Intérieur dénonçant la tournure « violente » prise par la manifestation. Une première tentative de faire passer ce texte avait échoué il y a un an après des manifestations de masse durant lesquelles la police avait fait usage de gaz lacrymogène et de canons à eau.

Si elle était adoptée, cette loi contraindrait notamment toute ONG ou tout média recevant plus de 20 % de son financement de l’étranger à s’enregistrer administrativement en qualité d’« organisation défendant les intérêts d’une puissance étrangère ».

 

Ancienne république soviétique dans le Caucase, la Géorgie a pris un virage pro-occidental il y a deux décennies, une orientation longtemps portée par l’ex-président Mikheïl Saakachvili aujourd’hui emprisonné.  Le parti actuellement au pouvoir, Rêve géorgien, est accusé par l’opposition de ramener insidieusement le pays vers Moscou.

 

Aujourd’hui, ni l’Ukraine ni la Géorgie ne maintiennent la présence d’ambassadeurs dans leurs capitales respectives. Le président Zelensky a personnellement demandé le départ de l’ambassadeur de Géorgie en juillet 2023. Les volontaires ukrainiens ont fait preuve d’une remarquable bravoure dans leur lutte contre les forces russes et pro-russes pendant la guerre d’Abkhazie de 1992-1993, et leurs actes de bravoure font désormais partie intégrante de la mémoire collective du conflit abkhaze.

Un niveau substantiel de coopération et de partenariat stratégique a été atteint au cours des années 1990 sous la direction des présidents Leonid Koutchma et Edouard Chevardnadze. C’est à cette époque qu’a été créée l’organisation GUAM (Géorgie, Ukraine, Azerbaïdjan, Moldavie), qui regroupe quatre États post-soviétiques ayant l’ambition de contrer l’influence de la Russie. Sous l’administration du président Mikheil Saakachvili (2004-2012), les relations entre la Géorgie et l’Ukraine ont atteint de nouveaux sommets. De nombreux Géorgiens ont participé activement à la révolution orange de 2004 en Ukraine, à la suite de la révolution des Roses qui avait eu lieu en Géorgie en novembre 2003. Les dirigeants des deux pays ont fait preuve d’une compréhension mutuelle totale et de positions communes sur des questions cruciales telles que la menace russe, le rapprochement vers l’Union européenne et l’OTAN, ainsi que sur les principes fondamentaux du droit international, en particulier le principe du respect de l’intégrité territoriale des États dans leurs frontières internationalement reconnues. 

La transformation d’amis en ennemis a commencé en 2012 avec la montée à Tbilissi du parti Rêve géorgien dirigé par Bidzina Ivanichvili, qui a coïncidé avec la deuxième révolution populaire ukrainienne connue sous le nom d’Euromaïdan, grâce à laquelle l’oligarchie pro-russe a été évincée en Ukraine et a laissé la place à des forces pro-occidentales déterminées à rétablir les liens avec l’UE et l’OTAN. Ces changements politiques divergents ont semé les premières graines de la discorde.

Contrairement au gouvernement, l’opposition géorgienne a considéré la victoire pro-européenne en Ukraine comme une occasion de transférer la résistance anti-Poutine de Tbilissi à Kyïv. Les nouveaux dirigeants géorgiens prônant le dialogue avec Moscou, Kyïv semblait être un choix évident pour contrer l’influence russe dans le grand voisinage.

En outre, l’opposition géorgienne nourrissait l’idée que le gouvernement pro-russe pourrait être renversé par une révolution pacifique, comme cela s’était déjà produit en 2003. Au fur et à mesure que le Rêve géorgien renforçait son emprise sur le pouvoir, les manifestations à Tbilissi pour protester contre les actions et les décisions du gouvernement ont pris un caractère régulier. À l’inverse, le Rêve géorgien a qualifié tous les partis d’opposition de radicaux et les a accusés de préparer un coup d’État. Ainsi, l’Ukraine, en tant que modèle de changement de pouvoir, est devenue tout aussi inacceptable pour le Rêve géorgien que les révolutions de couleur, en général, l’étaient pour Poutine.

Le nouveau gouvernement ukrainien souhaitait des réformes anticorruption rapides, aussi la Géorgie, forte de son expérience en matière de réformes réussies entre 2004 et 2012, a fourni à l’Ukraine un vivier d’anciens fonctionnaires, d’officiels et d’hommes politiques expérimentés, dont beaucoup ont quitté le service public (et ont même dû fuir le pays) après le nettoyage initial de l’appareil d’État par le Rêve géorgien pour en chasser les sympathisants de « l’ancien régime sanguinaire ». Cet afflux de Géorgiens en Ukraine a culminé avec la naturalisation et la nomination de l’ancien président géorgien Saakachvili au poste de gouverneur de la région d’Odessa.

L’aspect le plus irritant du comportement de la Géorgie à l’égard de l’Ukraine est peut-être le soutien économique indirect que Tbilissi apporte, fût-ce involontairement, à Moscou en autorisant le transit indirect de marchandises sanctionnées. En fait, la Géorgie ne contourne pas directement les sanctions. Toutefois, les marchandises qui transitent par le territoire géorgien vers les États voisins et les pays d’Asie centrale ont de fortes chances d’aboutir en Russie.

La communication du gouvernement géorgien concernant l’Ukraine comporte deux aspects principaux : l’un vise à rassurer la Russie, l’autre à persuader le public qu’il n’y a pas d’alternative à la présente position de la Géorgie. Les relations avec l’UE et l’Occident sont perçues à travers ces deux prismes. Moscou apprécie la position de Tbilissi concernant le conflit en Ukraine, sa réticence à soutenir l’Ukraine et son refus de condamner la Russie malgré l’occupation par cette dernière de 20 % du territoire géorgien. Plus important encore, la Russie considère que la position de la Géorgie l’aide à atténuer l’effet des sanctions. 

https://desk-russie.eu/2024/04/28/lamitie-fracturee-entre-la-georgie-et-lukraine.html?amp=1

 

 

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Les tensions dans la rue ont parfois dégénéré en bagarres au sein du Parlement géorgien, souvent bruyant. Lors des audiences de la commission sur le projet de loi le 15 avril, le député de l'opposition Aleko Elisashvili  a frappé au visage la chef de la faction Georgian Dream, Mamuka Mdinaradze.


Dans une interview accordée à Reuters, Elisashvili a comparé les députés du parti au pouvoir aux Géorgiens qui ont rejoint les bolcheviks de Lénine après que les forces soviétiques ont pris le contrôle de leur pays en 1921, après une brève période d'indépendance. "J'ai regardé ces traîtres debout devant la boîte d'envoi du Parlement et je n'ai plus pu me retenir", a-t-il déclaré.


Rejoignant désormais les manifestants nocturnes devant le Parlement, Elisashvili estime que la situation est mûre pour le renversement du gouvernement, à l’instar de la Révolution des roses en Géorgie en 2003. "Si le gouvernement avait ne serait-ce qu'une once d'intelligence et de sagesse, il abandonnerait ce projet de loi, la situation se calmerait et il pourrait se rendre aux élections", a-t-il déclaré.
 

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