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Poèmes d'amour (sans mièvrerie)


Porthos
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Déchet(s) recommandé(s)

Je propose de constituer un florilège de poèmes sur l'amour où l'amour, justement, ne rime pas forcément avec toujours. Partagez avec nous les poèmes qui vous plaisent par leur originalité dans la forme ou dans le fond: point de vue surprenant, humour, dérision, violence… Prévert, Aragon, Éluard, Miron, c'est très bien, mais on les trouve partout.

J'ouvre le bal avec ce poème de William Cliff tiré de son livre Autobiographie, lu récemment.

***

je me masturbe mais ce n’est plus comme avant

quand je me masturbais croyant qu’un jour arriverait

où je n’aurais plus à le faire en effet j’espérais

que pour moi la vie changerait et que dorénavant

je n’aurais plus à répéter ce geste décevant

et pourtant j’ai le souvenir (puisqu’il faut être honnête)

d’un temps où cette idée avait évacué ma tête

c’était quand j’étais amoureux je ris en l’écrivant

car cet amour était si dérisoire ! et pourtant par

lui j’étais délivré de mes devoirs masturbatoires !

et aujourd’hui me masturbant je ne crois plus qu’un jour

viendra où ma vie emportée par l’amour trouvera

tant d’espoir qu’elle en oubliera de courir ces recours

et je me branle sans savoir quand ça s’arrêtera

Modifié par Retaille
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Deux poèmes de L’Archangélique de Georges Bataille.

*

Un long pied nu sur ma bouche

un long pied contre le cœur

tu es ma soif ma fièvre

pied de whisky

pied de vin

pied fou de terrasser

ô ma cravache ma douleur

talon très haut me terrassant

je pleure de ne pas mourir

ô soif

inapaisable soif

désert sans issue

*

Je te trouve dans l’étoile

je te trouve dans la mort

tu es le gel de ma bouche

tu as l’odeur d’une morte

tes seins s’ouvrent comme la bière

et me rient de l’au-delà

tes deux longues cuisses délirent

ton ventre est nu comme un râle

tu es belle comme la peur

tu es folle comme une morte

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J'aime prendre un bain

Avec toi quand tu bandes

Et que sur mes seins,

Nerveux, tu sarabandes.

J'aime quand tes mains

M'ouvrent aux creux des fesses

Comme un petit pain

Tout chaud, un jour de liesse.

Et qu'au lit d'eau,

Savonneux, tu me baises

D'un élan si beau

Que j'en puis mourir d'aise.

Cilick

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Dans les prés verdoyants

Nous courons en riant

Si je t'attrape petite coquine

Tu en cambreras l'échine

Tes yeux si doux me rende fou

Comme tes mamelles qui sont si belles

Et le vieux bouc sera jaloux

Lorsqu'on fera des étincelles

Ma tendre biche, ma tourterelle

Je ne le dirai jamais trop

Qu'est ce que la vie peut être belle

Pour un gardien de troupeau

Dantes: 12 fév 2011

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(modifié)

OK. Un dernier.

D'Alphonse Allais (mais ce n'est pas sûr), cette Complainte amoureuse chantée par Juliette Gréco (musique de Yani Spanos).

Oui, dès l’instant où je vous vis,

Beauté féroce, vous me plûtes ;

De l’amour qu’en vos yeux je pris,

Sur-le-champ vous vous aperçutes.

[Mais de quel air froid vous reçûtes

Tous les soins que pour vous je pris !

Combien de soupirs je rendis !

De quelle cruauté vous fûtes !

Et quel profond dédain vous eûtes

Pour les vœux que je vous offris !

En vain, je priai, je gémis,

Dans votre dureté vous sûtes

Mépriser tout ce que je fis ;

Même un jour je vous écrivis

Un billet tendre que vous lûtes

Et je ne sais comment vous pûtes,

De sang-froid voir ce que je mis.]

Ah ! fallait-il que je vous visse,

Fallait-il que vous me plussiez,

Qu’ingénuement je vous le disse

Qu’avec orgueil vous vous tussiez ;

Fallait-il que je vous aimasse

Que vous me désespérassiez

Et qu’en vain je m’opiniâtrasse

Et que je vous idolâtrasse

Pour que vous m’assassinassiez !

***

Merci à ceux qui ont participé.

Modifié par Retaille
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Sur le seuil de ta demeure

Sur le plancher reluisant

Sur le boîtier du piano

J'écris ton nom

Sur la première des marches

Sur la seconde et les autres

Sur la porte de chez toi

J'écris ton nom

Sur les murs de notre chambre

Sur le papier vipérin

Sur la cheminée de cendre

J'écris ton nom

Sur l'oreiller sur les draps

Sur le matelas de laine

Sur le traversin jauni

J'écris ton nom

Sur ton visage tendu

Sur tes narines ouvertes

Sur chacun des seins aigus

J'écris ton nom

Sur ton ventre bouclier

Sur tes cuisses écartées

Sur ton mystère à coulisse

J'écris ton nom

Je suis venu dans la nuit

Pour barbouiller tout cela

Je suis venu pour ton nom

Pour l'écrire

Avec du sperme.

-Boris Vian

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« Écrire est un grand amour. Écrire, c’était t’écrire ; et maintenant que je t’ai perdue, si je continue d’agglutiner les mots avec une persévérance mécanique, c’est qu’en mon for intérieur j’espère que ma dérive noématique... se rendra jusqu’à toi... mon livre à thèse n’est que la continuation cryptique d’une nuit d’amour avec toi, interlocutrice absolue à qui je ne puis écrire clandestinement qu’en m’adressant à un public qui ne sera jamais que la multiplication de tes yeux ».

Prochain Épisode - Hubert Aquin

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