Aller au contenu

Bouillon de culture littéraire


Déchet(s) recommandé(s)

"Le vide en elle. On voudrait dire: le vide métaphysique. C'est là le point où l'ennui se joint à la mélancolie. Et, à vrai dire, une certaine sorte d'ennui tel que le connaissent certaines natures. Il ne signifie pas qu'un être ne fait rien de sérieux, demeure oisif. Il peut traverser une vie très occupée. Cet ennui signifie que l'on cherche dans les choses, passionnément et partout, ce qu'elles ne possèdent pas. On cherche avec une sensibilité douloureuse et un défaut d'adaptation à ce que l'on pourrait nommer "bourgeois" au meilleur sens du terme: le compromis avec le possible et le sens du bien-être. On cherche et on essaye de comprendre les choses comme on voudrait qu'elles fussent, de trouver en elles cette densité, ce sérieux, cette ardeur et cette capacité d'accomplissement dont on a soif - et c'est impossible. Les choses sont finies.

Mais toute finitude est une déficience. Et cette déficience est une déception pour le cœur qui réclame l'absolu. Cette déception s'amplifie et devient le sentiment d'un grand vide... Il n'est rien qui soit digne d'être. Et nulle chose n'est digne qu'on s'occupe d'elle.

On est blessé par les insuffisances morales d'autrui, par le manque de distinction morale surtout, de noblesse d'âme, et blessé profondément en particulier par ce qui est bas et vulgaire."

[...]

"Dans la mélancolie, au contraire, réside autre chose, un élément particulier qui, voudrait-on dire, porte l'élément douloureux jusqu'au point le plus sensible. La souffrance mélancolique a un caractère propre d'intériorité, une profondeur particulière, quelque chose que rien ne protège, qui est exposé à tous les risques. Une certaine force de résistance fait ici défaut, en sorte que l'élément douloureux s'unit à un autre élément à l'intérieur même de l'être. Cette proximité de la souffrance et, en même temps, un manque de proportion évident entre ce qui est, pourrait-on dire, l'effet douloureux normal provoqué par une certaine cause et la profondeur de son effet chez le mélancolique font comprendre qu'il s'agit ici de quelque chose de congénital.

Ce n'est pas dans les circonstances et les chocs extérieurs qu'est le point crucial, mais dans l'être lui même, dans une affinité élective, en quelque sorte, avec tout ce qui peut blesser."

[...]

"Un tel être n'a aucune confiance en lui-même. Il est persuadé qu'il est moins que les autres, qu'il n'est rien, qu'il ne sait rien. Et ceci aussi, non pas simplement parce qu'il serait suffisamment doué ou qu'il aurait subi des échecs. Il y a là, bien plutôt, une conviction a priori, qui ne peut même pas être réfutée définitivement par la réussite, mais qui se sent confirmée par tout échec, bien au delà de l'importance de celui ci. Plus encore: un tel manque de confiance en soi engendre précisément les échecs. Il provoque le manque d'assurance intérieure, traverse et entrave le vouloir et l'action, rend vulnérable aux difficultés extérieures.

Ce manque de confiance en soi est caractéristique tout spécialement vis à vis du prochain : dans la conversation, dans les relations sociales, dans le comportement en public. Peut-être faut il en rapprocher le fait qu'un besoin de se faire valoir, particulièrement sensible, est ici blessé.

Tout cela, du reste, n'exclut pas qu'un tel individu soit vaniteux ou fier, qu'il réclame d'être apprécié, entouré de considération. Ses pensées et son imagination sont peut-être même remplie de rêves où il se voit honoré, puissant, mélé à des entreprises qui le mettent en vue... De même que la vulnérabilité précédemment décrite n'exclut pas que celui qui la porte en lui même soit profondément accessible aux significations, aux valeurs multiples du monde, à sa beauté.

Que le mélancolique subisse ce joug, qu'il soit si facilement blessé par l'existence, que sa faculté de s'apprécier et de s'affirmer lui-même soit si minime _ tout ceci devient actif en quelque sorte et se tourne avec hostilité contre lui. Selon la psychologie moderne, ce que nous nommons la "vie" n'a pas de signification simple. La vie serait bien plutôt dominée par deux instincts fondamentaux en opposition l'un à l'autre. D'une part, être là, s'affirmer, s'épanouir, réaliser une ascension. Et, d'autre part, vouloir cesser d'être, souhaiter son propre anéantissement. Il en est ainsi, probablement. Il semble en effet que, de ce point de vue seulement, se comprenne la façon énigmatique dont se comporte notre nature vivante. Si quelque chose la menace, elle se défend. Mais elle ne se défend pas seulement: quelque chose en elle se porte au devant du danger. Ce qui la menace non seulement l'effraye, mais la séduit aussi. Notre nature vivante se met sur la défensive devant le danger et la mort qui, en même temps, l'attirent étrangement parce qu'en elle même quelque chose l'y pousse."

De la mélancolie, Romano Guardini

  • J'aime! 1
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

  • 2 semaines plus tard...

Je profite d'un déménagement pour faire le tri dans mes livres. C'est pas trop trop efficace, j'arrive pas à choisir ceux dont je vais me séparer. Soit je les ai lus récemment et trop aimés pour les jeter, soit ils m'ont déplus et je veux leur donner une deuxième chance, aaaarg. Donc présentement sur ma table de chevet, il y a une cinquantaine de livres dont je vais vous épargner la liste. Asti que ça m'énerve, j'ai commencé à relire quelques pages de certains et quelques pages d'autres et je me retrouve avec un tas de machins à lire en même temps. C'est marrant comme certains trucs que j'avais lu en me forçant me plaisent avec quelques années de plus (Pagnol, Flaubert, etc.)

Je finis aussi un bouquin sur Pyongyang dont j'ai déjà parlé ailleurs. Andrew Holloway était un travailleur social anglais qui avait eu le malheur d'accepter un poste en Corée du Nord, parce qu'il ne supportait plus sa vie européenne. Il a choisi d'écrire un livre sur son aventure pour avoir le sentiment que cette année chez les coco n'était pas une année de vie totalement perdue. Certains de ses points sont intéressants (une société où les travailleurs sont mis en valeur, pas des minettes décérébrées, l'attention qu'on accorde à l'égalité entre tous les enfants là-bas, etc.) , après quinze chapitres ça se sent quand même qu'il est devenu écrivain parce qu'il n'avait rien d'autre à foutre de son temps là-bas et le (manque de) style devient tout de même pénible, mais c'est un beau témoignage.

  • J'aime! 1
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Si tu aimes vraiment ceux que tu as lu récemment, tu feras l'effort d'aller à la bibliothèque pour les louer quand tu voudras les relire.

Si tu veux vraiment donner une deuxième chance à ceux que tu as moins aimés, tu feras l'effort d'aller à la bibliothèque pour les louer quand tu voudras les lire.

La biblio te force aussi à lire quand tu sais que t'as 3 semaines pour finir un livre.

Bref, donne tout.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Hehe. T'as aucun bouquin chez toi?

Je passe beaucoup (trop) de temps dans les bibliothèques, généralement je lis sur place, ça me fait une coupure.

En fait, j'ai décidé de tout garder, à part ceux qui sont vraiment en trop mauvais état, tout bêtement parce que j'ai pensé à mes futurs enfants. C'est grâce à la grande bibliothèque de mon papi que j'ai commencé à lire, j'ai naturellement eu accès à des bouquins que j'aurais découvert beaucoup plus tard (ou jamais) sans ça.J'aimerais bien que ce soit une évidence pour mes enfants aussi de pouvoir lire de grands romans tôt, que ça leur semble familier, tout ça. Après peut-être qu'ils n'aimeront pas la lecture mais en tout cas s'ils ont un penchant pour, ils seront servis. Donc voilà, je vais tout garder et continuer à en acheter. Fuck le manque de place, qui a besoin d'un canapé de toutes façons...

  • J'aime! 1
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

  • 2 semaines plus tard...

L'âme du mal - Maxime Chattam

Abandonnés au fond de la forêt ou de hangars vétustes, des cadavres comme on n'en a jamais vu, mutilés de façon rituelle, porteurs de messages cabalistiques semblables à ceux que laissait derrière lui le bourreau de Portland, avant qu'une balle dans la tête ne vienne à bout de sa carrière... Le tueur serait-il revenu d'outre-tombe ? S'agit-il d'une secte particulière qui prélève toujours les mêmes morceaux du corps de ses victimes pour d'étranges cérémonies ? Des bibliothèques ésotériques aux égouts de la ville, l'inspecteur Brolin et une jeune étudiante en psychologie plongent dans une enquête infernale, tandis que la police scientifique et la médecine légale se perdent en conjectures. Et peu à peu, des brumes mystérieuses de la Willamette River va surgir un secret effroyable que nos deux limiers devront affronter au péril de leur âme.

Je viens de le commencer, j'en suis à un peu moins de 100 pages.

Je sais pas pourquoi mais j'accroche pas sur le rythme.

La fatigue doit pas aider. ET le fait que je lis à peu prêt toujours 4-5 livres simultanément.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Maxime Chattam c'est du thriller policier pseudo-dégueu pour ados en manque de sensations fortes.

Un peu le Patrick Sénécal français, en moins gore et plus policier.

Arrête tout de suite, c'est une perte de temps pour une adulte.

  • J'aime! 1
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Proposer du Patrick Sénécal?

Pas de mon vivant certain, je hais tout ce qu'il a écrit.

À la limite, Alyss peut être un bon divertissement si on aime le genre (bon, j'ai proposé du Patrick Sénécal de mon vivant...)

Sinon, je viens de commencer De si jolis chevaux de Cowan McCarthy.

En 1949, 2 jeunes de 16 et 17 ans s'enfuient de chez eux au Texas pour aller au Mexique en cheval.

Ça je te le recommande, ça devrait t'aider à assouvir la soif de liberté que tu sembles avoir ;).

  • J'aime! 2
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Hum.

Je crois pas que ce soit mon genre de lecture mais je vais peut-être me raviser.

Merci. Et merci aussi de t'être fait violence pour Sénécal. ;)

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Hum.

Je crois pas que ce soit mon genre de lecture mais je vais peut-être me raviser.

Merci. Et merci aussi de t'être fait violence pour Sénécal. ;)

Tiens voici des histoires fuckés

http://creepypasta.wikia.com/wiki/The_Russian_Sleep_Experiment

http://www.lapresse.ca/actualites/sante/201406/20/01-4777491-des-enfants-soignes-a-tort.php

Sinon mon dernier livre est le suivant:

25b57eb7605e50e6f9d8a97d4fc223d8.jpg

Paulo Coelho Le Pèlerin de Compostelle

Un ouvrage inspirant en ce sens qu'il décrit une méthode assez originale pour partir en quête de soi-même

  • J'aime! 1
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

  • 4 semaines plus tard...
  • 2 semaines plus tard...

L'art de la guerre par Sun Tzu, qui au final s'avère être un très bon livre qui peut être considéré comme un ouvrage philosophique avec des messages vraiment très profonds.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

  • 2 semaines plus tard...

Dispatches from the Edge: A Memoir of War, Disasters, and Survival

Dispatches%20from%20the%20Edge.jpg

C'est écrit dans un anglais relativement accessible. Il alterne entre les drames de sa jeunesse et ceux qu'il a couvert durant sa carrière de journaliste.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

  • 5 mois plus tard...

Vous êtes sérieux là? Plus personne lit depuis août? Putain, on craint.

J'ai presque moins honte d'avoir fait passer Lean In de Sheryl Sandberg avant un tas de romans à moitié lus depuis 2014. Elle cause des carrières des femmes, des progrès à faire dans les entreprises, les couples, etc. J'aime bien sa franchise, elle n'a pas honte de quitter le taff tôt pour s'occuper de ses gosses et de demander à ce qu'on respecte ce choix. Le hic c'est qu'il faut déjà être très haut placée pour se permettre ces libertés.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Ça serait l'fun de développer un peu...

Pour ma part, c'est L'hiver de force par Réjean Ducharme.

Un roman excellent mettant en scène deux personnages attachants, André et Nicole, qui décident de ne pas bouger de leur appartement pour se saouler de films à la télé. Ils prennent plaisir à critiquer les navets, en partant des acteurs jusqu'au cœur de la société. Ducharme semble aborder le thème de l'indépendance du Québec et exprime par des anglicismes la prédominance de la langue anglaise dans une province qui est censée être majoritairement francophone. On ne lui décèle pas un penchant pour les souverainistes ou les fédéralistes, puisque les émotions qu'il partage à leur égard va de la sympathie au dégoût.

On pourrait penser que c'est une œuvre politique en son ensemble avec ce que je viens de dire, mais c'est carrément une belle histoire même si on ignore cet aspect. Ceux qui ne trippent pas politique pourraient aussi bien aimer ce roman. La plume de l'auteur est très belle, drôle et j'aime beaucoup ses jeux de mots récurrents.

Oui! J'ai dévoré ce livre et je ne pourrais même pas te dire pourquoi une histoire qui parait si simple m'a autant accroché, mais je me suis beaucoup attaché aux personnages.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

J'ai beaucoup aimé l'hiver de force de Réjean Ducharme, sinon j'ai adoré le mirroir de cassandre de Bernard Werber. Ce livre se déroule justement une bonne partie du temps dans un dépotoir où vit un petit groupe de gens qui se sont réfugier pour fuir la société et ses problèmes. Ce livre traite du futur, des visions, de l'itinérance et de biens d'autres choses. Et en ce moment je lis les fourmis de Bernard Werber et j'ai bien l'intention de me taper tout ses livres, car j'adore cet auteur.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

  • xdrox a mis en évidence ce sujet

Veuillez vous connecter pour commenter

Vous pourrez laisser un commentaire après vous êtes connecté.



Je veux revenir!
 Partager

×
×
  • Créer...